mardi 16 août 2011

LE GOLAN PERIODE RABBINIQUE
De nombreuses ruines de villages attestent d'une occupation du Golan à la période Byzantine, mais aussi Rabbinique, Romaine, et Hellénistique. Les différentes communautés ont laissées des témoignages archéologiques de première importance, le plus souvent près des torrents et des sources vives. La présence démultipliée de presses à huile en basalte, témoigne d'une activité agricole importante pour la région.  
Un complément de recherches sur le Golan met à jour un certain nombre d'éléments venant confirmer les textes bibliques et historiques traitant de l'histoire juive de l'ancienne Gaulanitis et du Bashan: Par le Deutéronome (3:4) nous savons que dans cette région il y avait au moins 60 villes fortifiées antérieures à la présence juive. La plus ancienne occupation juive remonte à Jair, descendant de Manassé (Deut. 3:14 / 29: 8).

Les premières fouilles de la région datent de1884, et ont révélées les ruines d'une quarantaine d'anciens sites, répertoriés par Schumacher, puis fouillées systématiquement à partir de 67 par Gutmann, Ma'oz, Ben David… Ces sites, habités par les Syriens qui ont construits leurs  villages avec des éléments architecturaux de périodes antérieures, ont mis à jour pour certains, des éléments datant de la période Byzantine, mais aussi Rabbinique, Romaine et Hellénistique. Beaucoup de sites ont des presses à huile datant de la période romaine, des colonnes, des chapiteaux en basalte et des linteaux ornés de gravures d'aigles, de rinceaux, de fleurs. La vaisselle en céramique est toujours simple. Les lampes à huile sont rudimentaires, en terre cuite ou en basalte. Des pièces de monnaies frappées à différentes époques, quand elles ont été retrouvées sur les sites, permettent de suggérer la date d'installation de la communauté: Ces sites ont été investis à différentes périodes par des populations juives, grecques, arabes et par les premières communautés chrétiennes.
Les premiers éléments  architecturaux retrouvés qui permettent d'attester avec certitude d'une présence juive sont les linteaux ornés de motifs décoratifs spécifiques (chandeliers à 7 ou 9 branches, vignes, rinceaux, rosettes) ou les noms gravés en hébreu, en araméen, et traduits en grec sur les pierres tombales en basalte.


Mais c'est  surtout par la construction d'une synagogue et d'un mikve que se signale la présence d'une communauté juive. Le terme français de synagogue vient du grec sunagogê (lieu d'assemblée) et traduit le terme hébreu "Bet Knesset." L'institution des premières synagogues est incontestablement liée à l'exil de Babylonie: Ezéchiel  fait part des assemblées tenues en sa présence (11, 6)  La plus ancienne synagogue connue à ce jour, est celle de Jéricho, construite le premier siècle avant notre ère. Les synagogues de la période romaine sont construites sur un même plan: une salle rectangulaire entourée de bancs de pierre, des colonnes, une niche sur le mur, une entrée centrale - Située à proximité d'un mikvé, des salles adjacentes sont rajoutées (synagogue de Gamla) –  Certaines ruines du Golan montrent des plans analogues.

Pour retrouver les traces des  anciennes villes juives du Golan, les sources bibliques (Mishna, Tosefta, Talmud) et historiques (Flavius Joseph) sont de première utilité.  La présence juive devient conséquente en 37 avant notre ère. Hérode le Grand donne un nouvel essor aux communautés juives dans la région, en y implantant les communautés de Babylone ( Fl. Joseph  Antiquité XVII, 23 – 29.) Afin d'avoir une place d'arme à portée de ses ennemis et rendre son terrain inviolable,  il invita un juif Babylonien nommé Zamaris avec ses 500 cavaliers et une centaine de membres de sa famille à s'implanter  dans le Golan en les exonérant de tout impôt: Les juifs de Babylone occupèrent le territoire et fondèrent une bourgade nommée  Bathywa. Des inscriptions retrouvées à Bâb El Hawa, Quneitra, Surman, datées d'Hérode et de sa dynastie le confirme. La région ainsi sécurisée et libre d'impôt devient rapidement peuplée grâce à une économie agricole basée surtout sur l'oléiculture et sur les échanges commerciaux entre la Galilée et la Babylonie. Mais sous Rome et Agrippa II la population fut soumise à de lourds impôts malgré les liens crées entre le Roi Agrippa et le petit fils de Zamaris, qui fut son ami, son allié et  l'instructeur de son armée.  La révolte commença en 66. Flavius Joseph rapporte avoir fortifié deux villes du Golan, pour assurer leur défense au moment où il commandait la rébellion en Galilée.  Ces villes ont été retrouvées: Sogana, et Gamla (fouilles Gutman).   Il rapporte aussi que Sogana et Seleucia n'ont pas participé à la rébellion. Seleucia a été retrouvée.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                
    

SOGAN nord Golan (carte: 215/ 290)
Selon  Flavius Joseph, Sogana était parfaitement défendue par sa position stratégique naturelle. Malgré cette position et ses fortifications, les hommes de la ville ont signé un accord de non agression  avec le Roi Agrippa. En octobre 1983 Zvi Ilan découvre une ruine à Sujen Siyar Es Sujen qu'il identifie à l'ancienne Sogana de Joseph.
Il écrit:

"Les ruines sont sur une colline surplombant la vallée de la  hulata, entourées de terrains agricoles. Ces ruines ont été habitées récemment.  A l'ouest on distingue une fortification  de la période romaine ou byzantine."

Les prochaines fouilles devraient donner des réponses sur la communauté juive y vivant à l'époque de Flavius Joseph.

SELEUCIA (carte 222/267)
Fondée au second siècle avant notre ère d'après le nom du roi Séleucide qui contrôlait alors la région, la ville a été capturée en 80 avant notre ère par Alexandre Jannaeus et une communauté juive s'y est installée suite à la conquête.
Lors de la révolte de 66 à 74, selon Joseph, malgré ses défenses naturelles et les fortifications qu'il a construite pour la ville, les juifs de la cité ont  refusé de prendre part à la rébellion contre le roi Agrippa et Rome. Localisée près du lac Semechonitis (hulatah)  elle a été localisée par Schumacher en 1880 sur les ruines d'un ancien village syrien nommé Selukiyeh:

"Un site domine une colline, près d'un wadi et d'une rivière portant le nom de Selukiyeh. Il présente un certain nombre de ruines de murs  et de maisons en pierre. Sur le plus haut point du village, on distingue les fondations d'un large bâtiment public, d'un plan carré."

Après la guerre des 6 jours le site a été fouillé par Gutman qui découvre des sources chaudes au pied du site.  Un mur de fortification percé de plusieurs entrées est daté de la période romaine. Gutman publie les éléments découverts sur le site et démontre qu'il fut déjà habité à l'âge du Bronze et dans la période paléolithique.


BAB EL HAWA ou Bathywa? (carte 222/ 283) 
Est un petit village syrien abandonné. Il a été construit sur d'anciennes ruines qui ont servies selon les habitants de Mensoura, aux murs de leurs maisons en 1880. Une inscription en grec nomme un Severa (Bar Adon, 1933)
Les fouilles dirigées par Gutman ont révélées des poteries de périodes romaines et byzantines.
 La mission Hartal y a découvert des lampes de céramiques décorées de fleurs et de dessins géométriques d'animaux. Un bracelet de verre avec une gravure du chandelier à 5 branches et une inscription tombale en grec  "Aneania, mort à un an" atteste d'une présence juive.

KFAR NAFASH  (219 /  274)
Est un ancien village turco-syrien bâti sur d'anciennes ruines. Les rues du village ne sont pas rectilignes. Chaque maison est construite autour d'une cours centrale, entourée de différentes pièces. Un monument public avec colonnes a été mis à jour sans aucun autre élément pouvant l'identifier  avec certitude comme une ancienne synagogue. En 1950 l'armée syrienne y a établi un camp et les familles des militaires se sont installées dans le village en utilisant pour la reconstruction des éléments archéologiques retrouvés dans les ruines: (colonnes, arcs, chapiteaux, aigle gravé dans le basalte)  Selon Urman, le nom du village fait partie de la littérature talmudique où il y est décrit comme un petit village non fortifié près d'une route principale.  Son nom ferait partie des 6 villages récences dans Tosefta.  L'activité économique du village à l'époque rabbinique est prouvée par les nombreuses presses à huile de cette période, retrouvées dans les fouilles. A l'est du camp militaire syrien, les restes d'un ancien cimetière juif de la période rabbinique ont été mis à jour, dont 4 pierres tombales comportant des inscriptions  de noms hébreux écrits en grec.


EL ASALIYYE (213 / 263)
Situé à près de trois kilomètres de Katzrin, sur un village syrien abandonné, le site d'El Asaliyye révèle une ancienne implantation juive de la période rabbinique.
Une rivière déverse ses eaux dans une piscine naturelle nommée au XIXe siècle selon Schumacher: " Ain Esh Sheikh Moisa." Aucun élément n'a attesté une présence juive jusqu'en 1976 où Eshel, instructeur dans le Golan, y découvre les restes d'un  large bâtiment public qui s'est révélé être la synagogue.  Trois archéologues, Ben David, Bar Lev et Ben Ari mettent à jour les décorations architecturales de la synagogue datées de la période rabbinique et réutilisées dans d'autres bâtiments du site. Notamment un linteau gravé d'un chandelier à 7 branches, correspondant à  la porte d'entrée de la synagogue et les chapiteaux doriques de la salle de prière. Sous un ancien bâtiment, une presse à huile en basalte a été mise à jour.


DABURA  (212/272)
Est un petit village syrien abandonné construit sur les ruine d'un ancien habitat juif sur le wadi Dabura, près du Nahal Gilbon, à 5km au Nord -Est du pont Yaakov Bridge.
Schumacher est le premier à visiter le site, en 1885. Il y découvre la vieille ville juive.
Le rapport Gutman confirme la présence d'un ancien village juif et met à jour des linteaux  de basaltes sculptés de feuilles d'acanthes qui ont certainement appartenus à la synagogue avec des inscriptions en araméens et en grec:
Eléazar fils de …
Rusticus constructeur
Comme sur le sol de la synagogue de Bet Alfa, Le nom du donateur en inscrit en araméen et le nom du constructeur en grec.                                                                        
Le rapport Gutman fait part de plusieurs pierres tombales en basalte  aux noms inscrits en araméens.






Plus de 65 sites ont été mis à jours dans le Golan. Les sites les plus connus sont ouverts aux visites: Gamla, Beithsaida, Katzrin, Susita, Hammat Gader… Ils ont révélées des éléments importants de l'histoire juive de la période romaine et rabbinique. Plus de 40 sites peu connus ont révélés des éléments appartenant aux anciennes communautés juives, grecques, byzantines, chrétiennes et arabes. Le point commun de ces différentes communautés est caractérisé par la présence de presse à huile en basalte, par la construction de maisons de plan carré, simple avec la réutilisation des éléments architecturaux des communautés antérieures. Ces sites ont été pour certains, en relation avec les sites romains de Baniyas et Susita.  Les sages de la période de Yavné qui ont visité les communautés du Golan et ceux qui ont résidés ont laissé  peu de témoignages écrits de leur installation dans le Golan, au milieu des sites grecs et païens. La présence de linteaux en basalte ornés de ménorah, le grand nombre de pierres tombales portant des inscriptions juives de la période rabbinique témoignent d'une culture ascétique, sobre, refusant toute charge décorative, et basée sur l'utilisation de la pierre locale. Contrairement à Susita où le marbre était utilisé et les matières transportées depuis l'Egypte. Il est certain, que de nombreux éléments ont encore à être recherchés sur cette région du Golan et du Bashan. 



 SCT
Sources:
Ancients Synagogues Historical Analysis and Archaeological Discovery
Dan Urman et Paul Flesher
Library of Congress  1994²

The Origins of the Synagogue, Anders Runesson,  Wiksell 2001

The Jaulan,  Schumacher,  Cambridge University Press 2010

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