lundi 10 septembre 2012

SASKIA COHEN TANUGI: STEVEN SPIELBERG JEWISH FILM ARCHIVE ARTICLE SHOSH...

SASKIA COHEN TANUGI: STEVEN SPIELBERG JEWISH FILM ARCHIVE ARTICLE SHOSH...: STEVEN SPIELBERG JEWISH FILM ARCHIVE Par Shoshana Saskia Cohen Tanugi      L'Université Hébraïque de Jérusalem accueille dans le départeme...

STEVEN SPIELBERG JEWISH FILM ARCHIVE ARTICLE SHOSHANA SASKIA COHEN TANUGI

STEVEN SPIELBERG JEWISH FILM ARCHIVE
Par Shoshana Saskia Cohen Tanugi  
 L'Université Hébraïque de Jérusalem accueille dans le département des humanités face au Théâtre, les archives cinématographiques dédiées à l'histoire de l'Etat d'Israël et à celle du sionisme : Le Steven Spielberg Jewish Film Archive. Vous y découvrirez non seulement les images historiques prises à la période de la création de l'Etat d'Israël, mais aussi celles des différents rabbins et pionniers des années 30, et également les films les plus rares.

Les archives fondées en 1960 par le professeur Moshé Davis ont été dirigées tout d'abord par Abraham F. Rad. Ce n'est qu'en 1987 que Steven Spielberg contribua à l'épanouissement du patrimoine cinématographique des Archives par un don conséquent. Le centre ne se contente pas de conserver les bobines d'anciens films. Il organise régulièrement des lectures, des conférences et propose des travaux de recherche en direction des écoliers et des étudiants. Tout un chacun peut y consulter des documents cinématographiques sur les anciennes communautés juives d'Europe. Et grâce à la donation Jack Valenti, les documents les plus rares peuvent être directement consultés en ligne depuis 2002. Sur le site web, des archives inégalables sur la période de l'Empire Ottoman et du mandat Britannique peuvent y être découverts par les curieux, les journalistes, les passionnés de l'histoire du sionisme. Un grand nombre de films datant de la première partie du XXe siècle, et ayant comme sujet les pionniers et la création de l'Etat d'Israël peuvent y être visionnés.
On peut y découvrir un document cinématographique d'une rareté extrême, ayant comme sujet les Pogroms en Ukraine et tourné en 1919-1920 (VT 00452).  On peut y voir dans un très court document, le Capitaine Dreyfus, à la période du procès. Le Journal du Procès Beilis de 1913 (VT 00053) peut également être visionné. Beilis né dans une famille orthodoxe, mais vivant de manière libérale fut accusé de meurtre à la période tsariste par des éléments antisémites de la police de Kiev. D'autres films datant de la période tsariste peuvent également être visionnés comme le film LeHaim tourné en 1911. Un certain nombre des films de Rossif, dont ceux  datant de 1911 (RF038/ RF089) peuvent également être consultés. On y découvrira un film sur Jérusalem au début du XXe siècle : Jérusalem entre 1900 et 1918. On peut également visionner les différents films de Yaacov Ben-Dov tourné entre 1925 et 1927 sur l'Ouverture de l'Université Hébraïque de Jérusalem ou celui qu'il fit pour le Mariage de Rachel Ussishkin et Shimon F. Bodenheimer en 1923. Le film de Jacob Hollander datant de la même période et présentant la terre d'Israël sous le titre : Palestine 1927 présente un fort intérêt historique. On peut découvrir un document dédicacé à la visite de Balfour en 1925. On peut également trouver le document produit par Ilana Tsur, Alona Abt et Einat Dvash en 1994 sur l'Altalena (VT00337). Le document sur la Brigade Givati en 1948 (VT 00278) dirigé par Eitan Dotan en 1992 est également inclus à la liste des archives et mérite d'être consulté. Un document cinématographique assez rare sur le Rav Kook : Rabbi kook a meeting of worlds produit et dirigé par Freistadt en 1989 est consultable au code d'accès : VT 00346. De véritables longs métrages peuvent être également visionnés ayant traits à différentes périodes de la seconde guerre mondiale :
- Partizanka : Jewish Guerilla fighters in the Second World WarPartisans : La Résistance Juive pendant la seconde guerre mondiale - tourné en 1989 (VT BH15).
-Dans le Ghetto de Varsovie " (VT BH13).  
- Le film de Willy Lindwer enquêtant sur les derniers mois d'Anne Frank Last seven Months of Anne Frank (VT 00 273).

Le Steven Spielberg Jewish Archive est un atout exceptionnel pour la formation d'historiens, d'hommes de culture, ou pour le bonheur des simples curieux. Les archives possèdent un fond impressionnant de rareté de tout premier ordre.
www. spielbergfilmarchive.org.il
facebook : Spielberg Jewish Film Archive
 


REINES BIBLIQUES CHEZ JEAN RACINE PAR SHOSHANA SASKIA COHEN TANUGI

THESE DOCTORAT 2011 2O12
PAROLES PERFORMATIVES DES REINES ORIENTALES CHEZ JEAN RACINE
PHD Shoshana Saskia Cohen Tanugi
Pour HUJI

CHAPITRE  ESTHER

SOURCES D'ESTHER
BIBLE, SOURCES DE L'ANCIEN ORIENT SOURCES GRECQUES


CHAPITRE Ier
Qu'est-ce qu’Esther ?

1. – Introduction

Nous nous proposons d'étudier dans ce chapitre sur Esther les personnages de la tragédie. Leurs intégrations et leurs connexions avec l'histoire, leurs mentions dans les hymnes sacrés et la loi de l'Ancien Orient. Nous irons du personnage le plus simple aux plus complexes.  Puis nous vérifierons pour chacun les transformations apportées par Racine au XVII e siècle.

2. – Définition

Esther est une tragédie tirée de l'Ecriture Sainte[1]. Elle est donc dans son essence une contradiction.  Elle met en présence deux forces opposées : la Tragédie et la Bible.  La tragédie selon la Poétique d'Aristote[2] est une œuvre "d'imitation qui met en présence le rythme, le chant et le mètre." L'Ecriture Sainte est selon le judaïsme la retranscription des paroles proférées par Dieu. Et des actes inspirés par lui à son peuple.
Selon la chrétienté elle est la retranscription des paroles de Dieu inspirées à ses Saints.
Une tragédie tirée de l'Ecriture Sainte est donc une action dramatique dont les héros sont tirés de l'histoire juive dépeinte par la Bible. Et dont la poétique s'inspire de la poétique biblique. Or le Livre d'Esther est imprégné d'éléments littéraires issus de la culture non hébraïque de l'Ancien Orient. Le nom des héros - Mardochée et Esther - est emprunté aux noms de déités babyloniennes. Le nom du roi Assuérus est tiré des listes des rois et des chroniques achéménides.  La tragédie d'Esther est donc une imitation poétique et théâtrale d'un des livres des Ecritures Saintes se référant à une partie de l'histoire du peuple Hébreu confronté à la culture et à la loi sous pouvoir achéménide - tout en faisant intervenir des personnages proférant des paroles inspirées par Dieu. Le Livre d'Esther met en scène un conflit entre l'histoire achéménide de l'Ancien Orient du premier millénaire et la "parole proférée sous inspiration divine". Ce conflit est déjà manifeste dans la dénomination des personnages dont les noms transmis par la Bible en une langue sémitique du groupe Ouest, sont ceux des déités apparaissant dans les hymnes composés en langues sémitiques du groupe Est. Si selon Benguigui les Ecritures peuvent avoir trois niveaux de lecture, le Pshat - la simple interprétation du texte suivit à la lettre - le Drash, lecture impliquant un second degré d'interprétation basé sur une analyse des commentaires. Le Rémez, la découverte des allusions et métaphores suggérées par les différentes organisations poétiques ou les sous-textes agissant. Le Sod, le secret profond, caché et non explicite. (Benguigui 1995 : 36) Une œuvre tirée des écritures, représentation du théâtre sacré, peut donc avoir les mêmes niveaux de lecture. Les personnages de la tragédie d'Esther - imitation de la Bible - peuvent alors être analysés suivant ces trois niveaux.  Pour cela, il est nécessaire de reprendre les hymnes et inscriptions évoquant les noms des déités portés par les personnages dans le Livre d'Esther et dans l'œuvre racinienne.

3. – Usage de la parole sacrée au théâtre

Le conflit entre deux supports de la parole, théâtre et Bible, est atténué par Jean Racine qui répond à une commande de Madame de Maintenon en ne destinant pas son œuvre tirée de l'Ecriture Sainte au plateau et aux acteurs mais aux jeunes pensionnaires de Saint Cyr. Seules de jeunes filles issues de familles militaires ou nobles ont été autorisées à réciter le texte tiré des Ecritures devant un public privilégié. Seuls le Roi, sa famille et certains membres de la cours ont eu le privilège d'assister à la création de la pièce le 26 Janvier 1689. C'est donc par le sentiment d'assister par privilège à une représentation intime et non publique, que le spectateur pourra retrouver ce qui a été créé par Jean Racine en 1689.  Et c'est pas la simplicité que le texte doit être abordé par ceux qui l'interpréteront, s'ils veulent transmettre cette sobriété de la parole sacrée véhiculée par l'œuvre de Racine. L'usage de la Bible pour la tragédie d'Esther a impliqué l'usage d'une poétique issue de la source hébraïque de l'Ancien Testament. Cette source a été transmise par la traduction française signée par Lemaître de Sacy en 1667.  Une seconde source biblique a été transmise par la traduction en français issue du grec, la Septante;  et enfin une troisième source non biblique, celle de Flavius Joseph (Antiquités Juives XI) se réapproprie à la fois l'Ancien Testament dans sa version originale et la Septante dans sa version grecque. Ces trois sources ont été inégalement consultées par Jean Racine. Sa poétique s'est concentrée plus directement sur la version originale hébraïque transmise dans une traduction française.
La particularité Biblique du Livre d'Esther qu'utilise Jean Racine pour composer sa tragédie se situe dans l'intervention d'une action qui prend modèle l'histoire du peuple Juif dans sa relation avec le pouvoir achéménide dominant l'Ancien Orient pendant la période de la seconde moitié du premier millénaire avant notre ère. C'est-à-dire que ce Livre, comme le Livre de Daniel, celui d'Ezra, le livre de Néhémie, fait intervenir dans la poétique Biblique qui le compose, des éléments qui sont étrangers à la Pensée Juive et à la poétique Hébraïque traditionnelle mais qui s'y confrontent. Pour examiner cette confrontation qui existe à la source, il est important d'analyser les textes, hymnes et codes de lois qui ont pu influer les rédacteurs du Livre d'Esther et dont on peut trouver trace dans l'original hébraïque et dans la tragédie sacrée.



[1] Racine Esther Ed. in-4 1689 sous titre donné par l'auteur à la tragédie d'Esther
[2] Aristote Poétique chap. I, 1-10

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CHAPITRE II
Etudes Antérieures  

1 - Les Questions : Pouvoir royal et religieux, pouvoir de la Loi.

Selon l'Abbé Delfour : "le temps viendra où dans Esther et Athalie on admirera surtout l'inspiration biblique"[1]

La première question que pose cette affirmation de l'Abbé Delfour est celle des apports cultuels de l'Ancien Orient véhiculés par le Livre d'Esther. Quels sont les hymnes de l'Ancien Orient qui y ont été transposés ?  Comment ces apports se sont-ils intégrés dans la tragédie sacrée ? La question suivante au sujet d'Esther est celle que pose l'utilisation de l'identité historique d'un souverain achéménide impliqué dans l'histoire biblique. C'est-à-dire la question du pouvoir Royal débattu dans la tragédie. En découle les questions posées par les singularités de déités du premier millénaire avant notre ère, dont les noms sont conservés avec une vitalité certaine dans la tragédie du XVII e siècle.  C'est-à-dire la question du pouvoir religieux ou pouvoir d'inspiration divine. L'ultime question concernant les sources d'Esther est celle des lois et des écrits sous scellés dont Esther est le sujet. C'est-à-dire, la question de la législation et de son renversement dont le conflit entre Aman et Mardochée est le commentaire.



[1] Delfour  L.-CL. La Bible dans Racine Thèse de Paris  1891 p. 253

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2- Etudes des Sources Orientales et Bibliques
 L'étude des sources orientales transmises dans l'Esther de Jean Racine prend comme point de départ l'analyse critique des codes de lois et des hymnes sacrés de langues sémitiques du groupe Est qui sont dédiés à des déités dont les personnages de la tragédie portent les noms. Ce transfert d'un patrimoine sacré (loi et culte) de l'Ancien Orient véhiculé par le corpus Biblique et retransmis à un auteur qui ne les connaissait pas, son introduction dans une poétique plus tardive mérite une étude méticuleuse au XXIe











[1] Racine Esther Ed. in-4 1689 sous titre donné par l'auteur à la tragédie d'Esther
[2] Aristote Poétique chap. I, 1-10

REINES BIBLIQUES CHEZ JEAN RACINE PAR SHOSHANA SASKIA COHEN TANUGI POUR HUJI

THESE DOCTORAT 2011 2O12
PAROLES PERFORMATIVES DES REINES ORIENTALES CHEZ JEAN RACINE
PHD Shoshana Saskia Cohen Tanugi
POUR HUJI HEBREW UNIVERSITY
ETUDE ENTREPRISE EN 2011- 2012

CHAPITRE  ESTHER

SOURCES D'ESTHER
BIBLE, SOURCES DE L'ANCIEN ORIENT SOURCES GRECQUES


CHAPITRE Ier
Qu'est-ce qu’Esther ?

1. – Introduction

Nous nous proposons d'étudier dans ce chapitre sur Esther les personnages de la tragédie. Leurs intégrations et leurs connexions avec l'histoire, leurs mentions dans les hymnes sacrés et la loi de l'Ancien Orient. Nous irons du personnage le plus simple aux plus complexes.  Puis nous vérifierons pour chacun les transformations apportées par Racine au XVII e siècle.

2. – Définition

Esther est une tragédie tirée de l'Ecriture Sainte[1]. Elle est donc dans son essence une contradiction.  Elle met en présence deux forces opposées : la Tragédie et la Bible.  La tragédie selon la Poétique d'Aristote[2] est une œuvre "d'imitation qui met en présence le rythme, le chant et le mètre." L'Ecriture Sainte est selon le judaïsme la retranscription des paroles proférées par Dieu. Et des actes inspirés par lui à son peuple.
Selon la chrétienté elle est la retranscription des paroles de Dieu inspirées à ses Saints.
Une tragédie tirée de l'Ecriture Sainte est donc une action dramatique dont les héros sont tirés de l'histoire juive dépeinte par la Bible. Et dont la poétique s'inspire de la poétique biblique. Or le Livre d'Esther est imprégné d'éléments littéraires issus de la culture non hébraïque de l'Ancien Orient. Le nom des héros - Mardochée et Esther - est emprunté aux noms de déités babyloniennes. Le nom du roi Assuérus est tiré des listes des rois et des chroniques achéménides.  La tragédie d'Esther est donc une imitation poétique et théâtrale d'un des livres des Ecritures Saintes se référant à une partie de l'histoire du peuple Hébreu confronté à la culture et à la loi sous pouvoir achéménide - tout en faisant intervenir des personnages proférant des paroles inspirées par Dieu. Le Livre d'Esther met en scène un conflit entre l'histoire achéménide de l'Ancien Orient du premier millénaire et la "parole proférée sous inspiration divine". Ce conflit est déjà manifeste dans la dénomination des personnages dont les noms transmis par la Bible en une langue sémitique du groupe Ouest, sont ceux des déités apparaissant dans les hymnes composés en langues sémitiques du groupe Est. Si selon Benguigui les Ecritures peuvent avoir trois niveaux de lecture, le Pshat - la simple interprétation du texte suivit à la lettre - le Drash, lecture impliquant un second degré d'interprétation basé sur une analyse des commentaires. Le Rémez, la découverte des allusions et métaphores suggérées par les différentes organisations poétiques ou les sous-textes agissant. Le Sod, le secret profond, caché et non explicite. (Benguigui 1995 : 36) Une œuvre tirée des écritures, représentation du théâtre sacré, peut donc avoir les mêmes niveaux de lecture. Les personnages de la tragédie d'Esther - imitation de la Bible - peuvent alors être analysés suivant ces trois niveaux.  Pour cela, il est nécessaire de reprendre les hymnes et inscriptions évoquant les noms des déités portés par les personnages dans le Livre d'Esther et dans l'œuvre racinienne.

3. – Usage de la parole sacrée au théâtre

Le conflit entre deux supports de la parole, théâtre et Bible, est atténué par Jean Racine qui répond à une commande de Madame de Maintenon en ne destinant pas son œuvre tirée de l'Ecriture Sainte au plateau et aux acteurs mais aux jeunes pensionnaires de Saint Cyr. Seules de jeunes filles issues de familles militaires ou nobles ont été autorisées à réciter le texte tiré des Ecritures devant un public privilégié. Seuls le Roi, sa famille et certains membres de la cours ont eu le privilège d'assister à la création de la pièce le 26 Janvier 1689. C'est donc par le sentiment d'assister par privilège à une représentation intime et non publique, que le spectateur pourra retrouver ce qui a été créé par Jean Racine en 1689.  Et c'est pas la simplicité que le texte doit être abordé par ceux qui l'interpréteront, s'ils veulent transmettre cette sobriété de la parole sacrée véhiculée par l'œuvre de Racine. L'usage de la Bible pour la tragédie d'Esther a impliqué l'usage d'une poétique issue de la source hébraïque de l'Ancien Testament. Cette source a été transmise par la traduction française signée par Lemaître de Sacy en 1667.  Une seconde source biblique a été transmise par la traduction en français issue du grec, la Septante;  et enfin une troisième source non biblique, celle de Flavius Joseph (Antiquités Juives XI) se réapproprie à la fois l'Ancien Testament dans sa version originale et la Septante dans sa version grecque. Ces trois sources ont été inégalement consultées par Jean Racine. Sa poétique s'est concentrée plus directement sur la version originale hébraïque transmise dans une traduction française.
La particularité Biblique du Livre d'Esther qu'utilise Jean Racine pour composer sa tragédie se situe dans l'intervention d'une action qui prend modèle l'histoire du peuple Juif dans sa relation avec le pouvoir achéménide dominant l'Ancien Orient pendant la période de la seconde moitié du premier millénaire avant notre ère. C'est-à-dire que ce Livre, comme le Livre de Daniel, celui d'Ezra, le livre de Néhémie, fait intervenir dans la poétique Biblique qui le compose, des éléments qui sont étrangers à la Pensée Juive et à la poétique Hébraïque traditionnelle mais qui s'y confrontent. Pour examiner cette confrontation qui existe à la source, il est important d'analyser les textes, hymnes et codes de lois qui ont pu influer les rédacteurs du Livre d'Esther et dont on peut trouver trace dans l'original hébraïque et dans la tragédie sacrée.


 THESE DOCTORAT 2011 2O12
PAROLES PERFORMATIVES DES REINES ORIENTALES CHEZ JEAN RACINE
PHD Shoshana Saskia Cohen Tanugi

CHAPITRE  ESTHER

SOURCES D'ESTHER
BIBLE, SOURCES DE L'ANCIEN ORIENT SOURCES GRECQUES


CHAPITRE Ier
Qu'est-ce qu’Esther ?

1. – Introduction

Nous nous proposons d'étudier dans ce chapitre sur Esther les personnages de la tragédie. Leurs intégrations et leurs connexions avec l'histoire, leurs mentions dans les hymnes sacrés et la loi de l'Ancien Orient. Nous irons du personnage le plus simple aux plus complexes.  Puis nous vérifierons pour chacun les transformations apportées par Racine au XVII e siècle.

2. – Définition

Esther est une tragédie tirée de l'Ecriture Sainte[1]. Elle est donc dans son essence une contradiction.  Elle met en présence deux forces opposées : la Tragédie et la Bible.  La tragédie selon la Poétique d'Aristote[2] est une œuvre "d'imitation qui met en présence le rythme, le chant et le mètre." L'Ecriture Sainte est selon le judaïsme la retranscription des paroles proférées par Dieu. Et des actes inspirés par lui à son peuple.
Selon la chrétienté elle est la retranscription des paroles de Dieu inspirées à ses Saints.
Une tragédie tirée de l'Ecriture Sainte est donc une action dramatique dont les héros sont tirés de l'histoire juive dépeinte par la Bible. Et dont la poétique s'inspire de la poétique biblique. Or le Livre d'Esther est imprégné d'éléments littéraires issus de la culture non hébraïque de l'Ancien Orient. Le nom des héros - Mardochée et Esther - est emprunté aux noms de déités babyloniennes. Le nom du roi Assuérus est tiré des listes des rois et des chroniques achéménides.  La tragédie d'Esther est donc une imitation poétique et théâtrale d'un des livres des Ecritures Saintes se référant à une partie de l'histoire du peuple Hébreu confronté à la culture et à la loi sous pouvoir achéménide - tout en faisant intervenir des personnages proférant des paroles inspirées par Dieu. Le Livre d'Esther met en scène un conflit entre l'histoire achéménide de l'Ancien Orient du premier millénaire et la "parole proférée sous inspiration divine". Ce conflit est déjà manifeste dans la dénomination des personnages dont les noms transmis par la Bible en une langue sémitique du groupe Ouest, sont ceux des déités apparaissant dans les hymnes composés en langues sémitiques du groupe Est. Si selon Benguigui les Ecritures peuvent avoir trois niveaux de lecture, le Pshat - la simple interprétation du texte suivit à la lettre - le Drash, lecture impliquant un second degré d'interprétation basé sur une analyse des commentaires. Le Rémez, la découverte des allusions et métaphores suggérées par les différentes organisations poétiques ou les sous-textes agissant. Le Sod, le secret profond, caché et non explicite. (Benguigui 1995 : 36) Une œuvre tirée des écritures, représentation du théâtre sacré, peut donc avoir les mêmes niveaux de lecture. Les personnages de la tragédie d'Esther - imitation de la Bible - peuvent alors être analysés suivant ces trois niveaux.  Pour cela, il est nécessaire de reprendre les hymnes et inscriptions évoquant les noms des déités portés par les personnages dans le Livre d'Esther et dans l'œuvre racinienne.

3. – Usage de la parole sacrée au théâtre

Le conflit entre deux supports de la parole, théâtre et Bible, est atténué par Jean Racine qui répond à une commande de Madame de Maintenon en ne destinant pas son œuvre tirée de l'Ecriture Sainte au plateau et aux acteurs mais aux jeunes pensionnaires de Saint Cyr. Seules de jeunes filles issues de familles militaires ou nobles ont été autorisées à réciter le texte tiré des Ecritures devant un public privilégié. Seuls le Roi, sa famille et certains membres de la cours ont eu le privilège d'assister à la création de la pièce le 26 Janvier 1689. C'est donc par le sentiment d'assister par privilège à une représentation intime et non publique, que le spectateur pourra retrouver ce qui a été créé par Jean Racine en 1689.  Et c'est pas la simplicité que le texte doit être abordé par ceux qui l'interpréteront, s'ils veulent transmettre cette sobriété de la parole sacrée véhiculée par l'œuvre de Racine. L'usage de la Bible pour la tragédie d'Esther a impliqué l'usage d'une poétique issue de la source hébraïque de l'Ancien Testament. Cette source a été transmise par la traduction française signée par Lemaître de Sacy en 1667.  Une seconde source biblique a été transmise par la traduction en français issue du grec, la Septante;  et enfin une troisième source non biblique, celle de Flavius Joseph (Antiquités Juives XI) se réapproprie à la fois l'Ancien Testament dans sa version originale et la Septante dans sa version grecque. Ces trois sources ont été inégalement consultées par Jean Racine. Sa poétique s'est concentrée plus directement sur la version originale hébraïque transmise dans une traduction française.
La particularité Biblique du Livre d'Esther qu'utilise Jean Racine pour composer sa tragédie se situe dans l'intervention d'une action qui prend modèle l'histoire du peuple Juif dans sa relation avec le pouvoir achéménide dominant l'Ancien Orient pendant la période de la seconde moitié du premier millénaire avant notre ère. C'est-à-dire que ce Livre, comme le Livre de Daniel, celui d'Ezra, le livre de Néhémie, fait intervenir dans la poétique Biblique qui le compose, des éléments qui sont étrangers à la Pensée Juive et à la poétique Hébraïque traditionnelle mais qui s'y confrontent. Pour examiner cette confrontation qui existe à la source, il est important d'analyser les textes, hymnes et codes de lois qui ont pu influer les rédacteurs du Livre d'Esther et dont on peut trouver trace dans l'original hébraïque et dans la tragédie sacrée.












[1] Racine Esther Ed. in-4 1689 sous titre donné par l'auteur à la tragédie d'Esther
[2] Aristote Poétique chap. I, 1-10










[1] Racine Esther Ed. in-4 1689 sous titre donné par l'auteur à la tragédie d'Esther
[2] Aristote Poétique chap. I, 1-10

REINES BIBLIQUES CHEZ JEAN RACINE PAR SHOSHANA SASKIA COHEN TANUGI

 THESE DOCTORAT 2011 2O12
PAROLES PERFORMATIVES DES REINES ORIENTALES CHEZ JEAN RACINE
PHD Shoshana Saskia Cohen Tanugi

CHAPITRE  ESTHER

SOURCES D'ESTHER
BIBLE, SOURCES DE L'ANCIEN ORIENT SOURCES GRECQUES


CHAPITRE Ier
Qu'est-ce qu’Esther ?

1. – Introduction

Nous nous proposons d'étudier dans ce chapitre sur Esther les personnages de la tragédie. Leurs intégrations et leurs connexions avec l'histoire, leurs mentions dans les hymnes sacrés et la loi de l'Ancien Orient. Nous irons du personnage le plus simple aux plus complexes.  Puis nous vérifierons pour chacun les transformations apportées par Racine au XVII e siècle.

2. – Définition

Esther est une tragédie tirée de l'Ecriture Sainte[1]. Elle est donc dans son essence une contradiction.  Elle met en présence deux forces opposées : la Tragédie et la Bible.  La tragédie selon la Poétique d'Aristote[2] est une œuvre "d'imitation qui met en présence le rythme, le chant et le mètre." L'Ecriture Sainte est selon le judaïsme la retranscription des paroles proférées par Dieu. Et des actes inspirés par lui à son peuple.
Selon la chrétienté elle est la retranscription des paroles de Dieu inspirées à ses Saints.
Une tragédie tirée de l'Ecriture Sainte est donc une action dramatique dont les héros sont tirés de l'histoire juive dépeinte par la Bible. Et dont la poétique s'inspire de la poétique biblique. Or le Livre d'Esther est imprégné d'éléments littéraires issus de la culture non hébraïque de l'Ancien Orient. Le nom des héros - Mardochée et Esther - est emprunté aux noms de déités babyloniennes. Le nom du roi Assuérus est tiré des listes des rois et des chroniques achéménides.  La tragédie d'Esther est donc une imitation poétique et théâtrale d'un des livres des Ecritures Saintes se référant à une partie de l'histoire du peuple Hébreu confronté à la culture et à la loi sous pouvoir achéménide - tout en faisant intervenir des personnages proférant des paroles inspirées par Dieu. Le Livre d'Esther met en scène un conflit entre l'histoire achéménide de l'Ancien Orient du premier millénaire et la "parole proférée sous inspiration divine". Ce conflit est déjà manifeste dans la dénomination des personnages dont les noms transmis par la Bible en une langue sémitique du groupe Ouest, sont ceux des déités apparaissant dans les hymnes composés en langues sémitiques du groupe Est. Si selon Benguigui les Ecritures peuvent avoir trois niveaux de lecture, le Pshat - la simple interprétation du texte suivit à la lettre - le Drash, lecture impliquant un second degré d'interprétation basé sur une analyse des commentaires. Le Rémez, la découverte des allusions et métaphores suggérées par les différentes organisations poétiques ou les sous-textes agissant. Le Sod, le secret profond, caché et non explicite. (Benguigui 1995 : 36) Une œuvre tirée des écritures, représentation du théâtre sacré, peut donc avoir les mêmes niveaux de lecture. Les personnages de la tragédie d'Esther - imitation de la Bible - peuvent alors être analysés suivant ces trois niveaux.  Pour cela, il est nécessaire de reprendre les hymnes et inscriptions évoquant les noms des déités portés par les personnages dans le Livre d'Esther et dans l'œuvre racinienne.

3. – Usage de la parole sacrée au théâtre

Le conflit entre deux supports de la parole, théâtre et Bible, est atténué par Jean Racine qui répond à une commande de Madame de Maintenon en ne destinant pas son œuvre tirée de l'Ecriture Sainte au plateau et aux acteurs mais aux jeunes pensionnaires de Saint Cyr. Seules de jeunes filles issues de familles militaires ou nobles ont été autorisées à réciter le texte tiré des Ecritures devant un public privilégié. Seuls le Roi, sa famille et certains membres de la cours ont eu le privilège d'assister à la création de la pièce le 26 Janvier 1689. C'est donc par le sentiment d'assister par privilège à une représentation intime et non publique, que le spectateur pourra retrouver ce qui a été créé par Jean Racine en 1689.  Et c'est pas la simplicité que le texte doit être abordé par ceux qui l'interpréteront, s'ils veulent transmettre cette sobriété de la parole sacrée véhiculée par l'œuvre de Racine. L'usage de la Bible pour la tragédie d'Esther a impliqué l'usage d'une poétique issue de la source hébraïque de l'Ancien Testament. Cette source a été transmise par la traduction française signée par Lemaître de Sacy en 1667.  Une seconde source biblique a été transmise par la traduction en français issue du grec, la Septante;  et enfin une troisième source non biblique, celle de Flavius Joseph (Antiquités Juives XI) se réapproprie à la fois l'Ancien Testament dans sa version originale et la Septante dans sa version grecque. Ces trois sources ont été inégalement consultées par Jean Racine. Sa poétique s'est concentrée plus directement sur la version originale hébraïque transmise dans une traduction française.
La particularité Biblique du Livre d'Esther qu'utilise Jean Racine pour composer sa tragédie se situe dans l'intervention d'une action qui prend modèle l'histoire du peuple Juif dans sa relation avec le pouvoir achéménide dominant l'Ancien Orient pendant la période de la seconde moitié du premier millénaire avant notre ère. C'est-à-dire que ce Livre, comme le Livre de Daniel, celui d'Ezra, le livre de Néhémie, fait intervenir dans la poétique Biblique qui le compose, des éléments qui sont étrangers à la Pensée Juive et à la poétique Hébraïque traditionnelle mais qui s'y confrontent. Pour examiner cette confrontation qui existe à la source, il est important d'analyser les textes, hymnes et codes de lois qui ont pu influer les rédacteurs du Livre d'Esther et dont on peut trouver trace dans l'original hébraïque et dans la tragédie sacrée.












[1] Racine Esther Ed. in-4 1689 sous titre donné par l'auteur à la tragédie d'Esther
[2] Aristote Poétique chap. I, 1-10

REINES BIBLIQUES CHEZ JEAN RACINE PAR SH SASKIA COHEN TANUGI POUR HUJI

 THESE DOCTORAT 2011 2O12
PAROLES PERFORMATIVES DES REINES ORIENTALES CHEZ JEAN RACINE
PHD Shoshana Saskia Cohen Tanugi
pour HUJI Hebrew University Mount Scopus Jerusalem


CHAPITRE  ESTHER

SOURCES D'ESTHER
BIBLE, SOURCES DE L'ANCIEN ORIENT SOURCES GRECQUES


CHAPITRE Ier
Qu'est-ce qu’Esther ?


CHAPITRE  ESTHER

SOURCES D'ESTHER
BIBLE, SOURCES DE L'ANCIEN ORIENT SOURCES GRECQUES


CHAPITRE Ier
Qu'est-ce qu’Esther ?

1. – Introduction

Nous nous proposons d'étudier dans ce chapitre sur Esther les personnages de la tragédie. Leurs intégrations et leurs connexions avec l'histoire, leurs mentions dans les hymnes sacrés et la loi de l'Ancien Orient. Nous irons du personnage le plus simple aux plus complexes.  Puis nous vérifierons pour chacun les transformations apportées par Racine au XVII e siècle.

2. – Définition

Esther est une tragédie tirée de l'Ecriture Sainte[1]. Elle est donc dans son essence une contradiction.  Elle met en présence deux forces opposées : la Tragédie et la Bible.  La tragédie selon la Poétique d'Aristote[2] est une œuvre "d'imitation qui met en présence le rythme, le chant et le mètre." L'Ecriture Sainte est selon le judaïsme la retranscription des paroles proférées par Dieu. Et des actes inspirés par lui à son peuple.
Selon la chrétienté elle est la retranscription des paroles de Dieu inspirées à ses Saints.
Une tragédie tirée de l'Ecriture Sainte est donc une action dramatique dont les héros sont tirés de l'histoire juive dépeinte par la Bible. Et dont la poétique s'inspire de la poétique biblique. Or le Livre d'Esther est imprégné d'éléments littéraires issus de la culture non hébraïque de l'Ancien Orient. Le nom des héros - Mardochée et Esther - est emprunté aux noms de déités babyloniennes. Le nom du roi Assuérus est tiré des listes des rois et des chroniques achéménides.  La tragédie d'Esther est donc une imitation poétique et théâtrale d'un des livres des Ecritures Saintes se référant à une partie de l'histoire du peuple Hébreu confronté à la culture et à la loi sous pouvoir achéménide - tout en faisant intervenir des personnages proférant des paroles inspirées par Dieu. Le Livre d'Esther met en scène un conflit entre l'histoire achéménide de l'Ancien Orient du premier millénaire et la "parole proférée sous inspiration divine". Ce conflit est déjà manifeste dans la dénomination des personnages dont les noms transmis par la Bible en une langue sémitique du groupe Ouest, sont ceux des déités apparaissant dans les hymnes composés en langues sémitiques du groupe Est. Si selon Benguigui les Ecritures peuvent avoir trois niveaux de lecture, le Pshat - la simple interprétation du texte suivit à la lettre - le Drash, lecture impliquant un second degré d'interprétation basé sur une analyse des commentaires. Le Rémez, la découverte des allusions et métaphores suggérées par les différentes organisations poétiques ou les sous-textes agissant. Le Sod,


[1] Racine Esther Ed. in-4 1689 sous titre donné par l'auteur à la tragédie d'Esther
[2] Aristote Poétique chap. I, 1-10