mercredi 19 juin 2013

SASKIA COHEN TANUGI: SABRA DE MARTINE MOUGIN PAR SHOSHANA SASKIA COHEN ...

SASKIA COHEN TANUGI: SABRA DE MARTINE MOUGIN PAR SHOSHANA SASKIA COHEN ...: LE SABRA de MARTINE MOUGIN, Regard israélien sur une photographe contemporaine Martine Mougin se consacre au dessin et à la photog...

SASKIA COHEN TANUGI: REMBRANDT par Shoshana Saskia Cohen Tanugi

SASKIA COHEN TANUGI: REMBRANDT par Shoshana Saskia Cohen Tanugi: REMBRANDT et LE MARIAGE JUIF Rembrandt Van Rijn (1606-1669) qui excelle dans les scènes bibliques aux compositions en spirale, célèbr...

SABRA DE MARTINE MOUGIN PAR SHOSHANA SASKIA COHEN TANUGI

LE SABRA de MARTINE MOUGIN,
Regard israélien sur une photographe contemporaine

Martine Mougin se consacre au dessin et à la photographie. Ce qui la conduit à faire des recherches sur la photographie en noir et blanc, enrichie par l'apport extérieur de la couleur. Elle modifie ses clichés noirs et blancs par des traces d'encres lumineuses. Son travail est honoré par de nombreux prix internationaux : Celui de l'Académie Royale d'Amsterdam en 70, celui de Budapest en 72. Martine Mougin reçoit également le prix international du dessin de Rijeka, Yougoslavie, en 80 et en 96.  Une bourse de la Ville de Paris lui est décernée pour l'évolution de ses recherches plastiques. Son exposition parisienne de 2012, dirigée par S. Reymond-Lépine, est un succès national. L'exposition de ses oeuvres à Barcelone, Rotterdam, Copenhague, Groningen, Braga, et au Centre d'Art Champclause en duo avec Boltanski, lui font atteindre un niveau international. Le commissaire Claude Nori a choisi une de ses oeuvres, pour l'exposition collective du Mois de la Photo 2012, au Musée de Montparnasse.

Son travail passionne déjà les citoyennes et citoyens du Proche Orient pour trois raisons: Cette recherche exceptionnelle sur le paysage urbain et rural, cette logique d'interprétation d'un monde sensible tourné vers la modernité et l'harmonie,  son amour de la végétation et en particulier cette passion du Sabra, sont les principaux éléments qui passionnent les collectionneurs du Proche Orient. Martine Mougin photographie en noir et blanc, les cactus. Elle nuance le résultat des épreuves photographiques par l'apport de teintes ajoutées à la main. Elle choisit des colorations de roses, d'ocre-jaune, de verts qui apportent une émotion exceptionnelle aux clichés. Elle connait le sens du mot sabra : "Sabra" en hébreu, signifie cactus et symbolise la personnalité piquante et dure de l'israélien. Né du désert, la simplicité, la capacité à survivre avec peu, la ténacité quelque soit les épreuves, figurent les qualités d'une population qui se définit elle-même comme dure par l'écorce mais tendre par le coeur. Cette écorce piquante, ce cœur sucré, savoureux comme le miel, font de ces végétaux, l'image idéale d'une représentation d'un peuple tenace, formé à l'apreté d'une terre aride. C'est cette aridité que Martine Mougins rend dans des diptyques de 1m60 exclusivement centrés sur la représentation de "sabras".

Partageant la même passion que les artistes du Proche Orient  pour tout sujet écologique, elle propose un regard personnel sur la nature : l'installation Water Fragment (2000 Silkeborg)  expose ses clichés de tiges végétales reflétées par l'eau. Les lumières propagées par le mouvement des sources, des rivières, des étangs sont traitées comme autant d'oeuvres abstraites. Son installation Sun Night de la Galleri Image Aarhus, DK, en 1999 présente également un choix de clichés sur les métamorphoses de la lumière nocturne. F. Soulage écrira à ce sujet dans son article publié dans Art Contemporain et Mobilier, 2010, que Martine Mougin dévoile " la métamorphose de la lumière" dans des œuvres accentuant le contraste entre la lumière naturelle de la lune et celle phosphorescente des luminaires. Martine Mougin répond à la commande du festival international Nature et Paysage de Gacilly en 2005 par une nouvelle exposition des photographies monumentales de ses "Sabras".

Sa recherche de la représentation photographique de la nature s'associe actuellement avec celle de la représentation d'instants biographiques. Elle s'appuie alors sur le modèle de sa mère, retravaillant d'anciennes photographies noires et blanches de celle qui lui a donné le jour.  Cette recherche photographique s'intitule : " Une femme, ma mère".

Son travail sur le cactus évoque une phrase du Pirké Eliézer : " Et du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, (Gen.3, 3) une baraïtha[1] rapporte que rabbi Zerha dit : "Du fruit de l'arbre", l'arbre ce n'est rien d'autre que l'homme qui ressemble à un arbre."[2]

Le travail de Martine Mougin peut être découvert à l'adresse : 
www. martine-mougin.com


[1] une tradition tanaïte non incorporée dans la Michna
[2] Rabbi Eliézer, Pirke de Rabbi Eliézer, Paris Verdier 1983 p. 122

SASKIA COHEN TANUGI: REMBRANDT par Shoshana Saskia Cohen Tanugi

SASKIA COHEN TANUGI: REMBRANDT par Shoshana Saskia Cohen Tanugi: REMBRANDT et LE MARIAGE JUIF Rembrandt Van Rijn (1606-1669) qui excelle dans les scènes bibliques aux compositions en spirale, célèbr...

REMBRANDT par Shoshana Saskia Cohen Tanugi

REMBRANDT et LE MARIAGE JUIF


Rembrandt Van Rijn (1606-1669) qui excelle dans les scènes bibliques aux compositions en spirale, célèbres pour leur exceptionnel mouvement, leur clair-obscur et leur puissante évocation de la beauté morale des personnages représentés, fut un des peintres hollandais les plus proches de la communauté Juive d'Amsterdam.  Elève de Jacob Van Swanenburgh, il épousa la nièce de Van Uyelenburgh son marchand de tableau, qui lui fit rencontrer les savants Juifs de la ville. Tout le long de sa vie, il les a immortalisés dans différents portraits : comme celui d'Ephraïm Bueno conservé au Rijksmuseum, ou le Portrait d'un Jeune Juif de la collection Van Horne.  Il les représente également sous les traits des rois, comme le Roi Ozias de la collection Devonshire, ou David jouant de la harpe devant Saul. Il utilise encore des proches et des personnes issues de la communauté pour le magnifique Esther Assuérus et Aman du musée Pouchkine et pour le Festin de Balthazar conservé à Londres à la National Gallery portant les inscriptions en hébreu au dessus des coupes du temple de Jérusalem renversées.  Il présente également le Peuple d'Israël sous les traits des prophètes comme Jérémie pleurant sur la destruction de Jérusalem conservé Rijksmuseum, où un vieillard abattu de douleur, est accoudé sur un précieux tapis sur lequel sont déposés les trésors du temple. Il utilise le visage de sa propre mère pour présenter Hannah lisant la Torah. Il dépeint également les Juifs d'Amsterdam en héros bibliques : Jacob luttant contre l'ange, Jacob bénissant les fils de Joseph, ou dans sa peinture du mariage de Samson.

Il utilise la plume et l'encre de chine pour illustrer les portraits des Juifs d'Amsterdam : comme la Rencontre d'Abraham et Melchisédech, ou Abraham recevant les trois anges, Abraham bénissant Isaac. Les dessins des Adieux de Rebecca à ses parents, celui de David prenant congé de Jonathan, (cabinet des dessins du Louvre) ou celui de Daniel dans la fosse aux lions. La  gravure conservée à la Bibliothèque Nationale de Paris, représentant Le Triomphe de Mardochée confirme le lien fort qu'entretient le peintre avec la communauté issue d'Espagne et du Portugal. La communauté florissante d'Amsterdam à l'époque de Baruch Spinoza, si elle ne fut pas sensible aux publications de ses philosophes, elle sut néanmoins coopérer avec les peintres.
En effet Rembrandt avait choisi de vivre à proximité du quartier Juif. Il y installa sa famille et son atelier. Cette contigüité avec les familles établies dans le quartier est illustrée par une de ses œuvres principales : La Fiancée Juive, également appelée Mariage Juif ou Isaac et Rebecca, datant de 1665 et conservé au Rijksmuseum.  Dans cette œuvre, Rembrandt présente le sacré associé à la vie quotidienne. Rembrandt désire montrer l'humilité nécessaire au consentement de deux êtres. A l'instant de l'accord de mariage, les yeux d'Isaac et ceux de Rebecca ne se croisent pas. Les visages baissés sont emprunts de douceur et de gravité. Ce n'est pas une passion charnelle qui est représentée, mais  la pudeur et le respect évoqués par la grâce du futur couple. La beauté de la modestie et le raffinement de la retenue, la simplicité de l'effacement et la douceur de la réserve sont, pour Rembrandt, la peinture réaliste d'un véritable mariage Juif. Le jeu des mains des deux personnages, trace les quatre lettres du tétragramme.

Sources :
Marc le Bot Rembrandt et l'Orient éd. Flammarion 1990
Horst Herson Rembrandt et son œuvre éd. Hachette 1968

SASKIA COHEN TANUGI: ABSALON par Shoshana Saskia Cohen Tanugi

SASKIA COHEN TANUGI: ABSALON par Shoshana Saskia Cohen Tanugi: MUSEE DE TEL AVIV : LES CONSTRUCTIONS DE MEIR ESHEL DIT ABSALON Jusqu'au 30 Juin 2013, le Pavillon Helena Rubinstein de Tel Aviv...

ABSALON par Shoshana Saskia Cohen Tanugi

MUSEE DE TEL AVIV :
LES CONSTRUCTIONS DE MEIR ESHEL DIT ABSALON

Jusqu'au 30 Juin 2013, le Pavillon Helena Rubinstein de Tel Aviv reçoit les œuvres dessins et prototypes architecturaux de l'artiste israélien Meir Eshel dit Absalon.
Né en 1964 à Ashdod, Meir Eshel passe son enfance auprès de ses parents puis part suivre des cours scientifiques à Haïfa. Dès l'âge de 14 ans il est formé à la mécanique. Il intègre l'armée de l'air et la base militaire de Hatserim. Ses études et sa formation le destinent à prendre en charge le matériel d'aviation.  Puis son temps de service national achevé, il rend visite à sa famille en France et intègre les cours de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris. Il devient l'élève de Christian Boltanski dont les œuvres sont marquées par l'holocauste et font références à une mémoire issue d'un monde ashkénaze gravement atteint lors de la seconde guerre mondiale. Meir Eshel suit également les cours de Bernard Marcadé à l'Ecole d'Art de Cergy Pontoise. Puis il poursuit une formation à l'Institut des Hautes Etudes d'Arts Plastiques.

Ce double intérêt pour le design contemporain et pour la technologie moderne dominée par une sensibilité ascétique fait d'Absalon, le créateur d'espaces architecturaux aux lignes sobres. Son art figure comme l'un des principaux représentants de la construction minimaliste dans cette période féconde de la fin du XXe siècle. Il crée sur une courte période, de 1989 à 1994, année de sa disparition. Durant ces cinq à six ans de création, il parvient à marquer fortement l'histoire de l'art contemporain Israélien comme Français. Sa série "Propositions d'habitats" aux formes géométriques simples – carré, triangle, cercle, rectangle – est à la mesure du corps humain. En cela, il est disciple de Vitruve. Ces prototypes de maisons-cellules minuscules, (9 m²), monochromes sont représentatifs d'un art israélien moderne utilisant un langage non figuratif. Absalon s'implique ainsi dans une forme d'observance aux lois bibliques. Ses propositions d'habitats en bois blanc ont été étrangement conçues pour permettre à l'artiste d'y résider ponctuellement. En effet, disciple d'un certain nomadisme Absalon avait prévu de les installer dans chacune des grandes villes où il irait vivre Tokyo, Francfort, Tel Aviv, Paris…C'est l'art d'un homme solitaire, blessé, renfermé sur une recherche de pureté ascétique. C'est l'art d'un créateur formé par la technologie, en fait, d'un constructeur. Ses œuvres questionnent les principes d'habitats contemporains et cherchent une solution. Une importante exposition lui a été dédiée à Berlin en 2010 au KW Institut d'Art Contemporain.  La Fnac Aquitaine a prêté pour l'exposition de Tel Aviv une des œuvres en sa possession : Cellule N°2, année 1991 – Sculpture et prototype en bois peint blanc éclairé à l'intérieur par un néon – Pensait-il à Ron Arad, aviateur disparu ? Bernard Marcadé, Nina Montmann et Moshé Ninio lui dédient 352 pages d'études et d'analyses des œuvres publiées en deux langues. Est-ce que l'art Israélien a atteint un niveau d'intérêt international ? La réponse se trouve dans les Musées européens… et actuellement au Musée de Tel Aviv, Pavillon Rubinstein.

Lire :
ABSALON édition BuchandlungWalther Koning Gmbh & co. 2011 Marcadé/Montman/Ninio
Exposition :
PAVILLON RUBINSTEIN / MUSEE ART CONTEMPORAIN TEL AVIV
Jusqu'au 30 Juin 2013

 

SASKIA COHEN TANUGI: ATELIERS DES GOBELINS PAR SHOSHANA SASKIA COHEN TA...

SASKIA COHEN TANUGI: ATELIERS DES GOBELINS PAR SHOSHANA SASKIA COHEN TA...: Le Peintre français Nicolas Poussin et l'histoire de Moïse, Ateliers des Gobelins Par Shoshana Saskia Cohen -Tanugi Intérêt des...

ATELIERS DES GOBELINS PAR SHOSHANA SASKIA COHEN TANUGI

Le Peintre français Nicolas Poussin et l'histoire de Moïse,
Ateliers des Gobelins
Par Shoshana Saskia Cohen -Tanugi

Intérêt des proches de Louis XIV pour l'Ancien Testament : 

Un certain nombre d'œuvres commanditées par Louis XIV mettent en valeur l'histoire d'Israël dans les arts vivants, la littérature et les arts plastiques. En 1689, l'épouse du roi commande à Jean Racine la création d'une tragédie sur l'histoire d'Esther pour les pensionnaires de Saint Cyr. L'année suivante, Jean Racine compose pour Mme de Maintenon, la tragédie de la reine Athalie. Il développe une représentation  du pouvoir religieux du Cohen Gadol et le fonctionnement interne du Temple de Jérusalem. Si Athalie reste rarement représentée sur les scènes nationales françaises, Esther, ce chef d'œuvre du classicisme est toujours interprété par la Comédie Française au XXe siècle. Dans le domaine des Arts Plastiques, Nicolas Poussin (1594-1665) consacre dès 1625 une partie de son travail de peintre à l'élaboration d'un cycle sur la vie Moïse. Il y travaillera jusqu'à sa mort. En 1683, l'homme d'état et ministre de Louis XIV, le marquis de Louvois, intendant des bâtiments Arts et Manufactures de France, passe commande à la manufacture des Gobelins, d'une transposition tissée d'une partie des tableaux de Nicolas Poussin dédiés à l'histoire de Moïse.



Nicolas Poussin et Moïse :

Cette série d'œuvres monumentales issue des Ateliers des Gobelins, était destinée à la collection particulière de Louis XIV.  Selon A. Brejon de Lavergnée : "la transposition d'une peinture aux dimensions d'une tapisserie, nécessite de revoir l'équilibre esthétique. Le très grand format, proche des scénographies existantes de l'époque accompagne l'œuvre dans un autre domaine[1]." La vie de Moïse transposée par les lissiers des Gobelins est ordonnée en une œuvre unifiée d'une grande pudeur et d'une grande finesse. Les harmonies sont rendues de telle manière par des fils de laine rehaussés d'or et de soie aux couleurs contrastées sur fond ivoire, qu'il n'y a aucune perte des valeurs esthétiques, malgré une transposition de support. Les tapisseries des ateliers dirigés par Jean Mozin, peuvent être admirées comme un ensemble unique. Moise sauvé des eaux, traité avec une grande pureté introduit le personnage d'Aaron.  Moïse enfant foulant la couronne de Pharaon illustre un commentaire du midrash. La Manne, Le Buisson ardent, Moïse frappe le rocher, Le bâton de Moïse, Le serpent d'airain évoquent les différentes épreuves surmontées par le Peuple Juif et incitent à l'admiration. Face aux périls, le peuple est représenté chargé d'émotions, vaillant, pudique et courageux. Le Passage de la Mer Rouge est d'une beauté plastique incontestable. Le Veau d'Or appartenait dès 1684 à une collection privée, ne semble pas avoir appartenu aux collections royales. Les cartons de l'école de la Manufacture des Gobelins dirigée par Charles Lebrun (1619-1690) n'ont été redécouverts dans la collection du Mobilier National qu'en 2003, celui de La Manne a été découvert l'année dernière, en 2011.  Ces cartons retravaillés à partir des tableaux de Poussin révèlent une profonde tendresse pour l'histoire Juive, jusqu'au carton du Veau d'or réalisé par Gilbert de Sève en 1684.

L'exposition Poussin et Moïse, Histoires tissées présentée à la Galerie des Gobelins est magistrale.  La particularité de cette collection, la beauté de ces œuvres, la richesse de ce patrimoine datant du siècle de Louis XIV, cette découverte des travaux de la Manufacture des Gobelins illustrant l'histoire Juive devraient inciter le Musée de Jérusalem à accueillir Poussin et Moïse dans l'intérêt du public et des artistes Israéliens.


Référence :
Galerie des Gobelins www. mobiliernational.fr
Catalogue : Poussin et Moïse, du dessin à la tapisserie Bayard 2011
Poussin et Moïse Histoires Tissées 42 av. des Gobelins 75013 Paris
Article publié par SCT  Janvier 2013



[1] www. Poussin et Moïse, DP. PDF Culture.gouv. fr

mercredi 29 mai 2013

HERODE AU MUSEE DE JERUSALEM par Shoshana Saskia COHEN TANUGI

Jusqu'au 5 Octobre 2013, le Musée de Jérusalem propose la première exposition mondiale sur l'héritage culturel d'Hérode le Grand (73-4 B.C.). Cette exposition est d'une importance capitale. Elle apporte un éclairage nouveau sur les relations entre Rome et la Judée sous le règne d'Auguste (63 B.C. -14 ap. J.C.) Nicolas de Damas, secrétaire d'Hérode le Grand et Flavius Joseph, auteur des Antiquités Juives, semblent avoir été les plus anciens historiographes du roi. Les écrits de Flavius Joseph ont été consultés par le Pr. Netzer (1934-2010) du Département d'Archéologie de l'Université Hébraïque de Jérusalem pour mener les campagnes de fouilles. Pendant près de trente années le Pr. Netzer a dédié sa vie à la recherche des traces du roi bâtisseur. Menant plusieurs campagnes de fouilles au palais d'hiver de Jéricho, à Massada et au palais-forteresse de l'Hérodion, il mit à jour non loin du théâtre, la tombe d'Hérode orientée dans la direction de Jérusalem.

L'EXPOSITION

Les commissaires D. Mevorah et Dr. S. Rozenberg ont sélectionné plus de 250 objets pour illustrer la politique du roi de Judée. Les sarcophages de la famille royale, les vasques de marbre, les fragments de chapiteaux ornant les parvis du Temple, les fresques restaurées de l'Hérodion mettent en valeur le lien entretenu entre la conception architecturale de Rome sous Auguste et celle perpétrée en Judée par Hérode, son contemporain.
Ami, et roi-client des empereurs romains ( de Marc-Antoine jusqu'en 30 B.C.[i] puis d'Auguste ) – Hérode sut conserver sa part spirituelle au Peuple de Judée en  restaurant le Temple de Jérusalem, tout en enrichissant son royaume de nouvelles villes issues de la logistique et de la technologie, art de la construction romaine. Au premier siècle avant notre ère, le fils adoptif de César, Octave, devient le premier empereur romain dont l'idéal fut de faire d'une cité de briques, une ville de paix "de marbre". ''J'ai trouvé une ville de briques, j'ai fait de Rome, une ville de marbre.''  L'idéal d'une cité de paix, stable, sereine, capable de survivre aux différentes agressions fut partagé par Hérode le Grand. Cet idéal est confirmé par les fouilles de Jérusalem, Jéricho,  Massada,  Caesaria, et à l'Hérodion… La marque de Vitruve[ii] y est présente. Vitruve est l'auteur du premier traité d'architecture de l'histoire. Son traité fut étudié par Léonard de Vinci.  L'homme est au centre de toute construction. Il est possible que les disciples de Vitruve, proche d'Auguste et d'Hérode, aient influencés la construction du Temple de Jérusalem, où qu'ils aient même participé aux plans. Vitruve construisait des ouvrages publics de différentes sortes pour Rome et pour les provinces de l'Empire dont la Judée faisait partie. Il construisait des ouvrages en rapport avec la défense : des remparts, des tours, des places fortes, armes, des forteresses, des structures défensives. Il construisait également des Temples. Et des ouvrages en rapport avec la commodité publique : des villes, des théâtres, des systèmes d'irrigation, des aqueducs, des bains publics, des piscines, des promenoirs. Son travail était basé sur le choix des meilleurs matériaux, sur la formation la meilleure pour les ouvriers – Lui-même ou ses disciples  ont pu former les Cohen qui construisirent le Saint des Saints. Sa conception esthétique faisait la part égale à l'élégance des formes, à la justesse de proportions et à l'humilité par les choix les plus judicieux des matériaux. Il voulait l'architecture comme  art de la sainteté au service du peuple et de son gouvernement.

CONSTRUCTIONS D'HERODE

LE TEMPLE DE JERUSALEM
La restauration du second Temple est rapportée par Flavius Josèphe : Hérode le Grand entreprend de reconstruire le Temple de Jérusalem la dix-huitième année de son règne. Il convoque le Peuple et dit :" Notre Temple a été élevé par nos Pères à leurs retours de Babylone, mais il lui manque une hauteur de soixante coudées pour atteindre les dimensions qu'avait le premier Temple bâti par Salomon. Les dimensions du Temple furent imposées par Cyrus et Darius fils d'Hydaspe. Mais aujourd'hui que nous avons paix, richesse, revenus considérables et que les Romains, maîtres du monde, nous témoignent de l'amitié, je veux réparer les négligences que nous imposaient la servitude…" (Flavius Josèphe : Antiquités Juives, Livre 17 : 385)  Le Peuple refusa. Hérode dû promettre de ne démolir les anciennes fondations qu'à partir du moment où seront réunis 10 000 ouvriers. Pour la construction du Saint des Saints, il enrôla 1000 Cohen à qui furent enseigné maçonnerie et charpenterie.

La nef centrale fut reconstruite en pierres blanches. Le plafond de la nef fut enrichi de sculptures de bois. Le mur d'enceinte avait quatre portes. Il fut orné de colonnes si larges qu'il fallait trois hommes les bras tendus pour en faire le tour. Elles étaient placées sur quatre rands surmontées de chapiteaux de style corinthien. Le roi participa lui-même aux travaux de construction des portiques et des parvis extérieurs. Seuls, les Cohen érigèrent le Saint des Saints. Le roi fit creuser des passages souterrains conduisant de la tour Antonia aux enceintes. Le Temple de Jérusalem fut achevé en huit ans et son inauguration eut lieu le jour anniversaire de l'intronisation du roi.

HERODIUM / HERODION

Sur un monticule en forme d'ancien cratère, au sud de Beit-Lehem, Hérode fit construire entre les années 23 et 15 B.C, un palais-forteresse protégé par des tours massives de 18 mètres de diamètre et par un double mur de près de 26 mètres de haut séparé par une coursive de 2, 60 mètres. Le palais situé dans la partie haute est agrémenté par différentes citernes et passages souterrains et par un système complexe de réserves d'eau, de piscines et d'aqueducs permettant d'arroser les jardins qui entouraient un second palais localisé dans la partie basse. Le second palais de l'Hérodion possède un théâtre d'environ 500 places dont la loge royale a été découverte par le Pr. Netzer en 2010.  C'est en partant des écrits de Flavius Josèphe, que le Pr. d'archéologie de l'Université Hébraïque a pu localiser le mausolée du roi. L'ensemble de l'Hérodion se présente donc comme une cité-état divisée en deux parties rendues indépendantes par un système de réserves d'eau, augmentées d'un centre culturel, défendues par une puissante structure architecturale.  

Sources :
Flavius Josephe Antiquités Juives Livre xvii
Herodium National Park

HEROD THE GREAT
Musée de Jérusalem
jusqu'au 5 Oct. 2013
tel : 02 6708811

ZWEIG PAR SHOSHANA SASKIA COHEN TANUGI

STEPHAN ZWEIG par SHOSHANA SASKIA COHEN TANUGI

Auteur, dramaturge, nouvelliste, Stéphan Zweig est né en Autriche-Hongrie dans une famille non pratiquante, en novembre 1881. Stéphan Zweig n'a jamais renié l'importance de la tradition Juive. Il fut peut-être l'auteur qui prit le plus rapidemment conscience du danger causé par la montée du parti national-socialiste en Europe. Son père, marchand de tissus et sa mère, fille du banquier, lui ont transmis les valeurs de la communauté viennoise, une sensibilité exarcerbée et un certain instinct de survie. En Juif assimilé, il se plait à la fréquentation des cafés intellectuels, des concerts, des théâtres de Vienne. Il renonce à la banque et aux tissus, rencontre Sigmund Freud à qui il confit ses premiers ouvrages. Il étudie à l'université de Vienne. Traduit les auteurs français en allemand.  Sa curiosité et son intelligence l'ont prédestiné dès les années 20 à développer une certaine clairvoyance et une conscience du risque encouru par la population juive de Vienne. Dès la première guerre mondiale, il produit une œuvre théâtrale qui interroge les étapes des conflits, Jérémie, est composée en tableaux adaptés du Livre Biblique. Le prophète Hebreu
y devient le visionnaire d'un monde contemporain. En 1928, il publie un second appel au secours. C'est la magnifique nouvelle intitulée Rachel contre Dieu traduite en français pour la première fois en 1937. Il introduit cette nouvelle par un cri : " Les hommes saints perdent courage et leurs âmes, telle l’herbe piétinée, tremblent impuissantes devant Dieu. Ils ne disent plus un mot, de crainte d’affronter son courroux. Toutes les voix de la terre se sont tues de frayeur quand apparut Rachel, sortie seule des taillis de l’angoisse. Les larmes coulaient de ses yeux, car elle pensait aux enfants de ses enfants. S’armant de toute sa force, elle s’avançait vers l’Invisible, prosternée, elle adressa ces paroles à l’Eternel…"  La prière de Rachel adressée à Dieu est l'alarme de Stephan Zweig. "Rachel : Mon cœur tremble de te parler, Dieu Tout-Puissant, mais pourquoi m'as-tu donc donné un cœur s'il doit trembler devant ta fureur, pourquoi des lèvres, si elles ne doivent exprimer que terreur dans la prière… J'ai peur de Toi…Pourtant je t'adresse un appel au nom de Ton amour. La détresse de mes enfants me pousse à faire entendre ma pauvre voix, dans ton Infini. Tu ne m’as donné ni la finesse, ni la ruse, et je ne trouve rien d’autre pour apaiser ta colère que de te parler de moi, qui ai su un jour, triompher de la mienne. " En 1934, il commence une autobiographie comme la  fin d'un monde et l'anéantissement d'une certaine Europe. Cette autobiographie ne sera achevée qu'en 1942 sous le titre : Monde d'hier, souvenir d'un Européen.  Cette même année de 1934, suite à une perquisition, il quitte l'Autriche sans ses proches qui jugent ses craintes contre la montée du nazisme : "ridicules et non fondées." En 1937, Zweig publie alors  Le Chandelier Enterré, rappelant intuitivement comme a pu être sauvé  le chandelier du Temple suite à la destruction du Jérusalem par l'armée romaine. Quand l'Autriche est annexée, Zweig perd sa nationalité autrichienne et devient réfugié politique à Londres. En 1940, de plus en plus désespéré il fuit l'Europe. Installé à New York, il vit difficilement les hostilités engagées contre lui - son parlé allemand et son ancienne nationalité autrichienne sont jugés avec peu de bienveillance. Désabusé et désespéré, il s'éteint avec sa femme, au Brésil en 1942. Il n'a jamais appris la victoire des alliés. Mais le Chandelier a été sauvé...

Stephan Zweig Romans et Nouvelles Editions Livres de Poche 2001
 article publié pour Médiastars-F.M. Janvier 2013