mercredi 19 juin 2013

ATELIERS DES GOBELINS PAR SHOSHANA SASKIA COHEN TANUGI

Le Peintre français Nicolas Poussin et l'histoire de Moïse,
Ateliers des Gobelins
Par Shoshana Saskia Cohen -Tanugi

Intérêt des proches de Louis XIV pour l'Ancien Testament : 

Un certain nombre d'œuvres commanditées par Louis XIV mettent en valeur l'histoire d'Israël dans les arts vivants, la littérature et les arts plastiques. En 1689, l'épouse du roi commande à Jean Racine la création d'une tragédie sur l'histoire d'Esther pour les pensionnaires de Saint Cyr. L'année suivante, Jean Racine compose pour Mme de Maintenon, la tragédie de la reine Athalie. Il développe une représentation  du pouvoir religieux du Cohen Gadol et le fonctionnement interne du Temple de Jérusalem. Si Athalie reste rarement représentée sur les scènes nationales françaises, Esther, ce chef d'œuvre du classicisme est toujours interprété par la Comédie Française au XXe siècle. Dans le domaine des Arts Plastiques, Nicolas Poussin (1594-1665) consacre dès 1625 une partie de son travail de peintre à l'élaboration d'un cycle sur la vie Moïse. Il y travaillera jusqu'à sa mort. En 1683, l'homme d'état et ministre de Louis XIV, le marquis de Louvois, intendant des bâtiments Arts et Manufactures de France, passe commande à la manufacture des Gobelins, d'une transposition tissée d'une partie des tableaux de Nicolas Poussin dédiés à l'histoire de Moïse.



Nicolas Poussin et Moïse :

Cette série d'œuvres monumentales issue des Ateliers des Gobelins, était destinée à la collection particulière de Louis XIV.  Selon A. Brejon de Lavergnée : "la transposition d'une peinture aux dimensions d'une tapisserie, nécessite de revoir l'équilibre esthétique. Le très grand format, proche des scénographies existantes de l'époque accompagne l'œuvre dans un autre domaine[1]." La vie de Moïse transposée par les lissiers des Gobelins est ordonnée en une œuvre unifiée d'une grande pudeur et d'une grande finesse. Les harmonies sont rendues de telle manière par des fils de laine rehaussés d'or et de soie aux couleurs contrastées sur fond ivoire, qu'il n'y a aucune perte des valeurs esthétiques, malgré une transposition de support. Les tapisseries des ateliers dirigés par Jean Mozin, peuvent être admirées comme un ensemble unique. Moise sauvé des eaux, traité avec une grande pureté introduit le personnage d'Aaron.  Moïse enfant foulant la couronne de Pharaon illustre un commentaire du midrash. La Manne, Le Buisson ardent, Moïse frappe le rocher, Le bâton de Moïse, Le serpent d'airain évoquent les différentes épreuves surmontées par le Peuple Juif et incitent à l'admiration. Face aux périls, le peuple est représenté chargé d'émotions, vaillant, pudique et courageux. Le Passage de la Mer Rouge est d'une beauté plastique incontestable. Le Veau d'Or appartenait dès 1684 à une collection privée, ne semble pas avoir appartenu aux collections royales. Les cartons de l'école de la Manufacture des Gobelins dirigée par Charles Lebrun (1619-1690) n'ont été redécouverts dans la collection du Mobilier National qu'en 2003, celui de La Manne a été découvert l'année dernière, en 2011.  Ces cartons retravaillés à partir des tableaux de Poussin révèlent une profonde tendresse pour l'histoire Juive, jusqu'au carton du Veau d'or réalisé par Gilbert de Sève en 1684.

L'exposition Poussin et Moïse, Histoires tissées présentée à la Galerie des Gobelins est magistrale.  La particularité de cette collection, la beauté de ces œuvres, la richesse de ce patrimoine datant du siècle de Louis XIV, cette découverte des travaux de la Manufacture des Gobelins illustrant l'histoire Juive devraient inciter le Musée de Jérusalem à accueillir Poussin et Moïse dans l'intérêt du public et des artistes Israéliens.


Référence :
Galerie des Gobelins www. mobiliernational.fr
Catalogue : Poussin et Moïse, du dessin à la tapisserie Bayard 2011
Poussin et Moïse Histoires Tissées 42 av. des Gobelins 75013 Paris
Article publié par SCT  Janvier 2013



[1] www. Poussin et Moïse, DP. PDF Culture.gouv. fr

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