mercredi 29 mai 2013

ZWEIG PAR SHOSHANA SASKIA COHEN TANUGI

STEPHAN ZWEIG par SHOSHANA SASKIA COHEN TANUGI

Auteur, dramaturge, nouvelliste, Stéphan Zweig est né en Autriche-Hongrie dans une famille non pratiquante, en novembre 1881. Stéphan Zweig n'a jamais renié l'importance de la tradition Juive. Il fut peut-être l'auteur qui prit le plus rapidemment conscience du danger causé par la montée du parti national-socialiste en Europe. Son père, marchand de tissus et sa mère, fille du banquier, lui ont transmis les valeurs de la communauté viennoise, une sensibilité exarcerbée et un certain instinct de survie. En Juif assimilé, il se plait à la fréquentation des cafés intellectuels, des concerts, des théâtres de Vienne. Il renonce à la banque et aux tissus, rencontre Sigmund Freud à qui il confit ses premiers ouvrages. Il étudie à l'université de Vienne. Traduit les auteurs français en allemand.  Sa curiosité et son intelligence l'ont prédestiné dès les années 20 à développer une certaine clairvoyance et une conscience du risque encouru par la population juive de Vienne. Dès la première guerre mondiale, il produit une œuvre théâtrale qui interroge les étapes des conflits, Jérémie, est composée en tableaux adaptés du Livre Biblique. Le prophète Hebreu
y devient le visionnaire d'un monde contemporain. En 1928, il publie un second appel au secours. C'est la magnifique nouvelle intitulée Rachel contre Dieu traduite en français pour la première fois en 1937. Il introduit cette nouvelle par un cri : " Les hommes saints perdent courage et leurs âmes, telle l’herbe piétinée, tremblent impuissantes devant Dieu. Ils ne disent plus un mot, de crainte d’affronter son courroux. Toutes les voix de la terre se sont tues de frayeur quand apparut Rachel, sortie seule des taillis de l’angoisse. Les larmes coulaient de ses yeux, car elle pensait aux enfants de ses enfants. S’armant de toute sa force, elle s’avançait vers l’Invisible, prosternée, elle adressa ces paroles à l’Eternel…"  La prière de Rachel adressée à Dieu est l'alarme de Stephan Zweig. "Rachel : Mon cœur tremble de te parler, Dieu Tout-Puissant, mais pourquoi m'as-tu donc donné un cœur s'il doit trembler devant ta fureur, pourquoi des lèvres, si elles ne doivent exprimer que terreur dans la prière… J'ai peur de Toi…Pourtant je t'adresse un appel au nom de Ton amour. La détresse de mes enfants me pousse à faire entendre ma pauvre voix, dans ton Infini. Tu ne m’as donné ni la finesse, ni la ruse, et je ne trouve rien d’autre pour apaiser ta colère que de te parler de moi, qui ai su un jour, triompher de la mienne. " En 1934, il commence une autobiographie comme la  fin d'un monde et l'anéantissement d'une certaine Europe. Cette autobiographie ne sera achevée qu'en 1942 sous le titre : Monde d'hier, souvenir d'un Européen.  Cette même année de 1934, suite à une perquisition, il quitte l'Autriche sans ses proches qui jugent ses craintes contre la montée du nazisme : "ridicules et non fondées." En 1937, Zweig publie alors  Le Chandelier Enterré, rappelant intuitivement comme a pu être sauvé  le chandelier du Temple suite à la destruction du Jérusalem par l'armée romaine. Quand l'Autriche est annexée, Zweig perd sa nationalité autrichienne et devient réfugié politique à Londres. En 1940, de plus en plus désespéré il fuit l'Europe. Installé à New York, il vit difficilement les hostilités engagées contre lui - son parlé allemand et son ancienne nationalité autrichienne sont jugés avec peu de bienveillance. Désabusé et désespéré, il s'éteint avec sa femme, au Brésil en 1942. Il n'a jamais appris la victoire des alliés. Mais le Chandelier a été sauvé...

Stephan Zweig Romans et Nouvelles Editions Livres de Poche 2001
 article publié pour Médiastars-F.M. Janvier 2013

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