dimanche 20 novembre 2011

MIRIT COHEN A LA GALERIE GORDON DE TEL AVIV

MIRIT COHEN, La solitude de Kafka et la force de Giacometti
Par Shoshana Saskia Cohen Tanugi

La Galerie Gordon ouvre ses portes à partir du 17 Novembre jusqu'à la fin de Décembre à l exposition posthume d'une des plus grandes artistes issues de l'alya Russe. D'une sensibilité exacerbée par la shoah et ses conséquences, Mirit Cohen ne parvint pas à survivre longtemps.  Non-conformistes, intenses, émotives, ascétiques, ses œuvres sont marquées par la douleur, par la solitude d'une féminité fragilisée. Tracées en encre fine, noire, ses silhouettes sont tension et énergie, en ce sens, elles font parties de l'école de Giacometti. Isolées dans les mailles de fer de savantes lignes sombres, elles expriment les émotions d'une artiste d'exception.

Née en Ouzbékistan en 1945, elle est la fille de Haïm Cohen, un élève de la Yeshiva de Lodz, qui se réfugia en Sibérie pour échapper au nazisme. La sœur de Haïm refusa de partir. Elle fut assassinée à Babi Yar.  Soigné pour le typhus, il rencontra à l'hôpital d'Ouzbékistan, Rivka Zeidenberg. Mariés, ils décidèrent ensemble de faire l'alya. Le long périple vers Israël dura trois ans dans la précarité des différents camps de personnes déplacées. Arrivés à Haïfa avec Mirit âgée de 3 ans et sa sœur, ils furent refoulés par les forces anglaises et envoyés en camp à Chypre. La création de l'état d'Israël en 1948 et l'installation dans un premier camp de transit, les sauve du désespoir. Haïm Cohen participe à la bataille de Latrun et à celle de Sha'ar Hagai. Enfant israélienne, Mirit Cohen exprime son bonheur de vivre en relation avec la nature et les paysages de cette terre. Son professeur Hava Ratzon remarque son talent exceptionnel et envoie ses premiers dessins au Japon pour le concourt international du dessin d'enfant. Mirit a 13 ans, elle remporte le premier prix. Elle étudie à Bnei Brak, accomplit ses années d'armée comme instructeur à Kiryat Malachi. Mais c'est vers l'art qu'elle se tourne définitivement.  Elle étudie au collège d'Art Kalisher de Tel Aviv puis sous la direction de Raffie Lavie qui note immédiatement la force de son travail au collège d'Art de Ramat Hasharon. Ses dessins crient le désespoir du XXe siècle. On l'appelle la Frida Kahlo de Judée, elle se veut fille de Van Gogh. Ses figures abstraites, son intelligence de la représentation des émotions vives lui ouvrent ses premières expositions dont celle de New York en 77. Malgré son talent exceptionnel le 3 mai 1990, elle se jette dans le vide, à New York et meurt des conséquences de la chute. Elle laisse un mot : " Je me suis levée, j'ai mangé, dormi, marché. Je n'ai plus la force de continuer."
Des expositions posthumes sont organisées à New York en 91, au Musée de Jérusalem en 94, au Musée de Tel Aviv et à l'Ulmer Muséum en 98. Ses œuvres appartiennent aux collections nationales du Musée de Jérusalem, à celles du Musée Minneapolis du Minnesota, à celles de la Galerie Nationale d'Art de Washington, à celle du Musée d'Ulm, en Allemagne. Son oeuvre représente la féminité déchirée par l'histoire du XXe siècle. Le parcourt tragique de cette artiste israélienne devrait permettre d'ouvrir une réflexion sur les conditions de l'art et de la création au Proche Orient. Elle fut splendide, l'œuvre est magnifique, le parcourt de douleur fut une entrave à la créativité. Les artistes israéliens méritent d'être soutenus, aidés, accompagnés, ils sont la représentation sensible du peuple d'Israël. Ils sont une partie de notre âme, notre regard sur le monde.
GALLERY GORDON 95 Ben Yehuda St. Tel AvivTel 03 52 40 323
Lundi au Jeudi de 11:00 à 19:00   Vendredi 10:00 à 14:00 Novembre Decembre 2011

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