dimanche 9 octobre 2011


L ORAGE ET LA PRIERE






D’APRES

KETHER MALKHOUT




DE
SALOMON IBN GABIROL




ADAPTATION THEATRALE
sh. saskia cohen tanugi

















                                              L’Orage et la Prière

Ne peut être interprété que dans un espace de moins de 260 places.

Le public traverse une cour.
Rentre dans un espace clos.
Au fond de l’espace :
Une sphère de craie blanche.

Mur, sol plafond totalement hachurés de hachures très fines, croisées, précises.
Comme les gravures de Dürer
La sphère de craie, finement travaillée se détache, en cercle, sur le fond noir.

Dans la sphère de craie / côté jardin

Une trouée dans la craie, volume et vide , sculptée dans la craie, comme une porte.

l’entrée du Parvis.

Dans la sphère de craie / côté cour

Une ouverture permettant l’entrée sur le
« lieu. »

Dans la sphère de craie / côté cour à l’avant-scène

Une sorte de petite « sculpture » travaillée à la craie blanche et posée sur le sol :
un siège.

Aucune figuration, cercle aérien et vide.
Tournoiement et vide.
Sphère et vide.
Un mur de lumière éclaire la salle et le cercle.
Le mur s’éteint.
Ni musique ni son ni chant.
Le vide.
Dans le noir rentre
Le Teshouva.

Eclairage blanc
Un seul projecteur, afin qu’il n’y est qu’une seule ombre.
L’espace et la lumière cisèlent le volume.

Le téshouva est habillé comme le jour de
Yom Kipour.
Le Téshouva est vêtu de lin, ni fil de laine, ni cuir, ni aucune autre matière.

Du lin blanc

Finement tissé dans le blanc, un fil de lin bleu, tissé au milieu des fils de lin blanc.
Une chemise ample, un pantalon, large, à pince, en lin.
Ni talith ni tsitsit ni téphilin.
Des chaussures de toile blanche, semelles de cordes, aucune semelle de cuir.
A sa main,

Son chapeau couleur gazelle

Le téshouva avance encore tête nue.
Le téshouva se confond avec le volume, tissage de lin et hachures de craie
Blancheur.
Le téshouva regarde le sol, il semble hésiter.
Il fait quelques pas
et doucement il  commence.

 



OUVERTURE



TECHOUVA :

L’homme peut se reposer dans ma prière

Il en apprendra tout ses droits
J’y décrit brièvement
Les merveilles du  «  vivant »
Je l’ai posé en tête de mes rêves

Il met son chapeau.

Aussi je l’ai dénommé :
« Couronne Royale »


Il s’assoie sur le siège de craie.
Son corps est tourné vers l’entrée du Parvis.
Il se balance.
Son ombre se dessine parfaitement sur le fond de craie.
Il se balance, doucement, comme à l’heure de la prière.
Il se balance…s’arrête.

Puis commence, avec douceur et fragilité, les yeux fermés, le corps orienté

Vers

La porte du Parvis.























PREMIER CERCLE : HASHEM

PSAUME 1 : A TOI !


A TOI…

La grandeur, la Merveille
La Beauté et la Majesté.

A Toi
Le Royaume au dessus du Royaume des Rois
Et la richesse et la Splendeur.
D’en haut ou d’en bas on témoigne :
On meurt – Tu demeures
A Toi
La force dont l’énigme épuise
La foule qui l’affronte et s’efforce à la déchiffrer :
Puisque ton essence est au-dessus du sens.

A Toi
La force, la source, la souche de toute chose
A Toi
Le nom sacré secret caché de tous
De la science des savants.
Et la puissance qui porte l’univers sur le néant.
A Toi
Le pouvoir de faire jaillir à la lumière ce qui est obscurité.
A Toi
Les secrets inconnus des pensées
Et la vie sans fin
A Toi
L’Etre qui – d’une ombre de la lumière – crée tous les êtres.
Son ombre – Sous l’ombre nous vivons -
En Toi,
Deux mondes ; tu imposes la limite :
L’un pour les actions, l’autre pour les mérites.
En Toi
La récompense que tu gardes…
Que tu caches
Tu as vu qu’elle était bonne,
Tu l’abrîtes.

Le téshouva se tait.
Silence et immobilité.
Puis doucement il pivote ;
Toujours assis sur le petit siège de craie, il commence à s’ouvrir vers le public du côté jardin. Il se tourne légèrement vers le public quand il parle,
Douceur et émotion.

PSAUME 2 : UNITE


Tu es un

 Tête de toute rassemblement
Base de  tout fondement

Tu es un

Et par  le secret de ton unité
Le cœur des savants est bouleversé
Car on ne connaît rien qui soit réellement  un

Tu es un

Ton unité ne varie ni ne change
En toi, ni manque ni excès
Ni peu, ni plus ; ni trop ni moins

Tu es un

Tu es un.
En toi ni loi ni limite
Je surveillerai ma voix afin de ne pas faillir faute de langage
Tu es un.
Ta splendeur
Ne peut ni s’amoindrir ni  décliner
Peut il être Un  et diminuer ?

Le Téshouva se tait.
Toujours assis, il pivote légèrement du côté jardin, son regard traverse la salle…


PSAUME 3 : EXISTENCE


Tu existes.
Mais l’oreille ne t’entend pas.
Et l’œil ne te voit pas.
 Tu existes :
-«  Pourquoi ? » -«  Comment ? » -«  Où ? »
Aucune question n’a d’emprise sur toi
Besoin d’aucun d’entre nous –

Tu existes

Et avant le temps

Tu existes

Et sans espace

Tu existes

Ce mystère est insondable
Qui le comprendra
Profond, profond, qui le résoudra ?

Silence
Le Téshouva pivote. Ses yeux…fixent l’espace au dessus du public en jardin.

PSAUME 4 :  VIE

Tu es vivant

Non d’un instant
Déterminé

Tu es vivant

Plus que le souffle ou plus que l’âme
Car tu es
L’âme de l’âme

Tu es vivant

Non pas du souffle de l’homme
Simple soupir, respiration
Dont l’expiration  annonce le dénouement d’une vie

Tu es vivant

Au dessus du souffle
Et qui raconte ton secret
Pénètre les délices du monde
Et s’il s’en nourrit, il vit…d’un monde…éternel

Le téshouva se tait. Il pivote sur le siège. Face au public.
PSAUME 5 : GRANDEUR SUBLIME
Tu es sublime tu es grand
et face à ta grandeur
la grandeur s’humilie
la puissance s’anéantie
Tu es sublime 
grand
 
Au delà de la louange

Le téshouva se tait. Il pivote légèrement en direction du public côté cour.

PSAUME 6 : LA FORCE
 Tu es fort
Aucune de tes créatures
Ne peut agir en dehors de ta création.
Tu es fort
Et par cette force tu parviens
Aux jours de colère
A retenir contre le violeur ta violence.
Tu es fort
Et ton amour pour la création
L’emplit de confusion
Force puissance qui « est »
De tous les temps…

Le téshouva se tait. Il pivote un peu plus en direction « cour »


PSAUME 7 : LUMIERE

Tu es lumière
Rayonnement éblouissement jusqu’à l’âme
Qui te perçoit, devient or
Tu es lumière
Mais un brouillard de confusion, une nuée,
Le trouble de nos errances, te cachent
Tu es lumière
Invisible en ce monde
Et visible dans le monde invisible
La source de l’intelligence en reste éblouie.

Le téshouva se tait. Il se balance les yeux fermés comme pour la prière.

PSAUME 8 : LA VOIE ROYALE

Le téshouva :
Tu es le souffle des souffles et le maître des maîtres
Une partie – sensible – l’ensemble, insaisissable.

Tu es
Toute créature en est une preuve.
Tout être est une œuvre – Lumière,
A l’ombre de ton Nom
Certains hantent la pénombre…Des aveugles !
Qui peinent  - comme esclaves dévoyés –
Dont l’espoir serait d’atteindre le chemin du roi –
Mais qui s’effondrent sur d’autres voies
L’un s’abîme
Corruption
L’autre s’épuise :
Désespoir !
Tous s’imaginent avoir atteint leur but.
En vain, ils sont fatigués.
Cependant certains gardent les yeux ouverts et devinent :
Un chemin ?
Ils ne s’écartent - ni à droite ni à gauche -  de la route –
Jusqu’à ce qu’ils arrivent au Parvis de la forteresse royale.
Tu es
Tu soutiens
Tu affermis
Tu es
Aucune rupture
Entre Etre et éternité.
Un seul mystère.
On dénombre le nombre de tes qualités
Mais Un
Tout prend source en Un seul lieu.

Le téshouva se tait. Toujours assis sur le siège de craie. Il vascille. Il penche son corps côté jardin. Sa main commence à bouger. Il regarde sa main. Reprend la parole avec plus de force. Tout ce qu’il dit il le découvre  dans un sentiment de mystère et d’inquiètude.

PSAUME 9 : SAVANT
Le téshouva :

Tu es savant, savant
Ta science source de vie, sagesse
De toi seul, elle découle
 Face à la sagesse le savant est dépossédé
De toute science.
Tu es savant
Au commencement du commencement
Tu es savant,
Et tu sais de toi-même.
Tu n’apprends que de toi-même.
Tu es savant.
Et par ta science, tu as
Tiré en un instant précis,
L’être du Néant, comme un ouvrier,
Comme un artisan
Comme se propage la lumière qui jaillit de sa source.
Ta main
Puise à la source, l’œil de la lumière.

Elle
a tracé, affiné, creusé, travaillé,
ordonné
commandé, dénommé le néant et il s’est déployé
et l’être s’est levé et le monde s’est étendu.
Puis d’un trait
Elle
A mesuré le cosmos,
Bâtit les sphères, les tissant les liant
De gaz et de poussière.
Ta main
Est l’espace des sphères…
Par ta main
…rassemblées.
Liés par ta force, les voiles de la création sont tendus.
La force frappe les deux pans du voile.
A la limite de la création, ils sont liés noués l’un à l’autre.
La limite ?
Personne ne voit la limite, personne
Tout est voilé dévoilé.

Entre chaque psaumes silence et balancement de la prière.


DEUXIEME CERCLE/ CREATION DE LA MATIERE ET DES PLANETES

PSAUME 10 /TERRE EAU AIR FEU

Téshouva :

Qui exprimera ta force ?
Ta création du globe ?

La terre, tu l’as divisée :
Moitié terre - moitié eau.


Tu fais tournoyer autour du globe le tourbillon des vents.
Il tourne il tourne il va le vent
Après son tour il s’apaise et repose.

Puis tu disposes au-dessus du tourbillon du vent
Une sphère de feu.

terre, eau,  feu, vent
une seule source
d’où ils sortent et renaissent.

Puis se dispersent…
Et la terre et l’eau et le feu et le vent n’étaient qu’
Un
Ils sont
quatre




















PSAUME 11 / LA LUNE

Le téshouva :

Qui enseignera ta grandeur ?
Au dessus du feu :

Tu poses
Un autre tournoiement :
Le firmament
Dans lequel repose :


Lune
 L’éclat du soleil 
Absorbé
Elle brille.


29 jours
Elle accomplit sa course.
Puis revient à sa place
Puis recommence
Puis accomplit sa course
Puis revient à sa place
Recommence…


La terre encerclé par les vents encerclé par le feu encerclé par le firmament
Puis


La lune
Ses secrets sont simples
Ses secrets sont obscurs

Elle est 39 fois plus petit que la terre














PSAUME 12 : L’ECLIPSE
Toujours assis sur le siège de craie, après son balancement, le Téchouva recommence son cycle de paroles. Chaque question est posée, et chaque fois une réponse, précise, et chaque fois dessinée de sa main, dans l’ espace, surgit une planète.
TECHOUVA
Qui soutiendrait Ta splendeur ?
Alors que tu as formé
La lune
Par qui l’on compte le décompte
Des temps
Les saisons et les jours les heures et les signes les soirs et les années :
l’or de la nuit
Elle règne –souveraine –
Jusqu’à ce que vienne l’instant d’obscurcir sa splendeur
elle se voile d’un voile opaque, elle disparaît.
Des feux du soleil, elle empruntait la clarté.
Elle s’est effacée.

La nuit du quatorzième soir, deux luminaires
s’affrontent
 Sur la ligne du Dragon –
Face à face – 
 soleil et lune –
Dès lors éclipsée
la lune
N’offre plus sa lumière.

Sa force  s’est effacée.
Son rayon s’est brisé.

Ce luminaire est magnifique, il est corps céleste !
Au-dessus de nous !
Qui ordonne sa chute ou sa levée ?
le gouverneur qui règle les lois de la science
qui ?
la lune renaît après la chute,

Ressurgit après l’effacement

La lune  face au soleil,
Comme un nuage noir .
 l’éclipse :
La lumière du soleil disparaît la lune l’a absorbée.

Personne ne domine.
Il y a un maître.
Une force supérieure à toute force, veille.
Qui croit, comme le soleil, acquérir
Rayonnement ou puissance,
Est
 à l’instant brisé dans ses convictions 
Foudroyé dans son jugement :
Le soleil est impuissant.
Celui qui a effacé la lumière,
A lui seul apparaît le royaume
Lui seul ordonne :
Lumière ! ténèbres !

PSAUME 13 : MERCURE
Le téchouva se tait.
Il se met à rire.
Il trace dans l’espace, de sa main gauche, un « o » : Mercure.
TECHOUVA
Qui sait ton sens de la justice et de la bonté ?
L’espace tournoyant où se trouve la lune
Est encastré
Dans une deuxième sphère sans brisure ou irruption
Là, se trouve
La planète nommée
Mercure.

Regard, geste de la main ; un « o » furtif fait avec les doigts.
Mercure est placé dans l’espace.

Vingt-deux fois
plus petit que la Terre,
Elle parcourt l’espace des  cieux
 dix jours
-turbulences
dans le cœur de l’homme –
procès querelles
haines calomnies
mais elle offre aussi

opulence
richesses abondance

servante servante servante face au maître
elle est la sphère de la sagesse et de l’intelligence:
par l’épreuve elle défait la faute
elle donne aux simples,
le sens
servante de la conscience
la faute est réparée,
opulence 
servante de la sentence.

Un geste des doigts et le « o » se reforme dans l’espace

Mercure !

Sa main a tracée, furtive, Mercure.
Puis, la planète s’efface et disparaît ;
Le téchouva se remet à rire.




PSAUME 14 VENUS
Le Téshouva après un instant de silence,  reprend avec émotion
TECHOUVA
Qui comprendra ?
Il laisse un temps, cherche, réfléchit

Tu entoures ce second tournoiement d’un troisième tournoiement,
Là,
Se trouve

Il se redresse, face à la clarté de « Noga »

Une souveraine
Escortée d’une armée,
Une fiancée lumineuse,
Ornée de parures,
Qui marche sous la tente, attendant son époux

Venus

Le geste de la main s’est déjà effacé

Onze mois : sa course…
Son corps…
Trente-septième partie de la terre
Elle offre…
Quiétude douceur moiteur
Les chants d’amour…
Elle fait mûrir les fruits les moissons
Et les fleurs… et la végétation.
Tout ce qui mûrit sous le soleil
Tout ce qui mûrit sous la lune.

Venus

Un temps,  il respire, se balance, prie doucement, puis, il fixe face à lui, un point invisible, au centre de la sphère de craie. L’emplacement du soleil à atteindre, il le fixe face à lui.



















PSAUME 15 SOLEIL
TECHOUVA
Qui  résoudra l’énigme ?
Au-dessus de la brillance de Venus
Dans une quatrième sphère,
Tu as placé

Le soleil


son cercle 
365
commandements…chaque jours…
Plus puissant que la terre de Cent soixante dix fois
Il rayonne d’un feu brûlant
Sur tous les autres corps célestes –


Le combat, l’éclat, la victoire des rois,
La lutte, le massacre, la terreur et la peur
C’est lui –
Il étonne
Dans la fureur ou dans la paix, il ravage
Les nations
Les bouleverse les renverse
Les détruits les remplace les relève
Il exalte
Il va abattre et couronner –
Mais chaque jour
Il s’humilie
Devant son Maître, au midi de sa course
Comme l’épouse appelée du sérail –

Comme sous l’emprise d’une violence extérieure, le poing du téchouva s’abaisse légèrement dans l’espace, il tremble et se redresse.

A l’aurore il se dresse
A la fin du commandement, il s’incline… Fin du jour
Le crépuscule arrive
Il disparaît
La pénombre disparaît
Il apparaît.












PSAUME 16 :LE PROJET LE TEMPS
TECHOUVA
Pour qui as tu conçu cette merveille ?
Par le mouvement du soleil tu as défini
Le temps
Projet arrêté des jours et des années
Le temps des fêtes
Tu as noué les liens des pléiades,
Une multitude d’étoiles chaudes
Issues de gaz et de poussières,
Desserré les cordes d’Orion
Ainsi germe tout arbre donnant fruit
En son temps
Dans le temps
De six mois dans l’espace,
Le soleil
Tend sa course,
S’échauffe l’air l’eau les plantes les pierres,
Se prolonge la lumière, augmente
Le temps
Jusqu’à ce qu’il atteigne le septentrion
Puis commencent six mois de course en direction du Sud
Jusqu’à cet instant
Où la lumière s’effondre et se prolonge
La nuit.

PSAUME 17 LA MENORAH
Commence une vision, le Téchouva découvre un  sens,
Il ralentit, s’inquiète, chuchote, sa parole s’enténèbre
TECHOUVA

Qui déchiffrera tes signes ?
D’un geste de la main, il trace vivement le dessin de chacune des planètes qu’il a déjà nommée, chacune dans l’espace, à sa place, comme une lumière sur le candélabre…

Tu as entouré le soleil des corps célestes qui tournoient
Autour de sa splendeur
Afin qu’il y projette sa clarté, sa lumière rayonne –
Les sphères tournoyantes dans le ciel,
Sont comme un même candélabre
Fait d’un seul bloc d’or pur –
Les satellites
Comme des fleurs d’amandiers
Disposées selon ta volonté
Autour des astres
Honorent l’univers du ciel :
Le Temple.








Sept branches se détachent du candélabre.
Sept, seront les lampes du candélabre.

La lumière ?
Ta signature…

Mon Dieu qu’avons nous fait de nous…
Nous voyons tes merveilles sans les déchiffrer

Le Temple…

Sommes nous donc si friables que tu nous l’as ôté des yeux ?
Aie confiance et nous rend malgré notre turbulence
La vision du candélabre qui illumine l’Eternité.

Maître
Je t’aime, malgré mon imperfection,
M’entends-tu ?
Moi, l’infirme qui crie de la nuit ?

Maître
Si j’ai été infirme, c’est que ma matière portait en moi
L’incapacité d’exprimer ta puissance
Mais ta puissance est au delà de moi !

Maître, maître, je crie ton nom inconnu de ma nuit !
Maître
Je crie ! y es tu ?

la voix brisée, il reprend doucement le parcourt de l’univers

Tu as entouré le soleil de planètes
Afin qu’il les abreuve de lumière
Et même la lune,
Sphère laiteuse, tache blanche,
Elle reçoit la lumière
Elle s’approche du soleil, elle avance
A la moitié de sa course, son éclat diminue
Jusqu’à ce qu’elle achève sa courbe
Qu’elle entre en ses quartiers
Elle reste cachée
Un jour une demi-heure quelques minutes
Et enfin se renouvelant, elle retrouve son premier éclat ;
Flamboyante.

, il se lève, comme une présence dans l’espace de craie.
Maître ?
Maître …

Il marche lentement à travers le cosmos invisible, figuré dans la sphère de craie, par la parole et par le geste des mains dans l’espace. Il tourne autour du cosmos de craie.



PSAUME 18 : MAADIM
Ses yeux fixent un point dans l’espace, il s’arrête.

 Maître,
Qui annoncera tes œuvres terribles ?
Autour de la sphère du soleil
Circule
Une cinquième sphère,
Dans laquelle tu as placé
La planète rouge
Mars !
Un roi
Dans son palais
Sa course,
dix-huit mois.
Son volume,
Limite sa grandeur
Une fois 5 huitièmes,
la grandeur de la terre :
Force, armée, loi martiale
Boucliers teints de rouge…

à l’heure de la bataille
tout est rouge
guerre massacre extermination
coup épée carnage
il apporte le fer
le tonnerre la blessure
le sang- l’incendie !
consternation
tous ceux qui aiment le mal il les aime.

Il recommence en silence son circuit dans le cercle de craien cherchant recherchant la planète suivante, son regard se fixe, il l’a trouvée :il la pointe :

PSAUME 19  TZEDEK  -  LE JUSTE
TECHOUVA
Maître!
qui annoncera tes terribles prodiges ?
au-dessus de Mars,
tu fais tourner une sixième sphère
chaude comme la terre
dans l’immensité
Tzeddeck le juste y réside –
Jupiter –
Soixante-dix fois plus puissante que la terre
Sa course
Juste douze ans – juste
 justice et l’amour
La charité et l’honneur
La conciliation
Il console, il apaise, calme les procès
Sa loi c’est « réparation » !
Réparer le brisé
Seulement là est la justice
Du monde.
Toujours debout en silence il tourne dans l’espace, y cherchant la prochaine planète, déjà il l’a découvre, la situe près de lui

PSAUME 20 : SATURNE

Qui racontera ta grandeur ?
Tu encercles le cercle de Jupiter,
D’un  septième cercle
Et tu y poses :
Saturne
Elle termine sa course en trente années
Guerre, pillage,
Famine, captivité,
C’est sa loi !
et elle dévaste les terres
Et elle ravage les nations
Saturne !
En silence il vient s’asseoir, dos au public au centre du plateau, il contemple l’espace de craie, le ciel et tout doucement questionne :

PSAUME 21  EPHOD

Maître qu’as tu fait ?
Qui  comprendra ? 
Au dessus de son trône
Tu as placé le huitième espace.
En arc  -  ornement du ciel.
qui porte
En  pectoral
Douze signes célestes
Et toutes les étoiles en feu
Chacune de ses étoiles termine sa course
En trente six mille années,
L’immensité
Et la grandeur de chacune de ces étoiles
Et cent fois la grandeur de la terre.
C’est la beauté, la majesté.
Et sous l’influence de ces douze signes célestes
Les hommes ont la possibilité d’exister
Selon ta volonté.
Et, chaque signe,
A été formé,
Et chaque signe,
A été nommé,
Et à chacun –
Une fonction
Et à chacun –
Un devoir

Toujours assis au sol, il se retourne face au public.






PSAUMES 22 LES SIGNES
TECHOUVA
Qui connaît tes raisons et tes choix ?
Pourquoi as tu fait pour les sept planètes,
Des entrées dans les douze signes célestes ?
Elles passent ses planètes,

Sur les signes du ciel :

Dans l’espace il commence à dessiner avec son doigt l’horloge du signe

Belier,             Taureau!
Tu y verses ta force en les unissant

D’un geste du doigt il pointe doucement le prochain signe
Gémeaux -
Tel deux jumeaux
Tu y jumelles et uni la face humaine.

Cancer, lion -

Tu as offert ta splendeur.
Pareil à leur sœur


Vierge,
Qui les suit.

Balance, scorpion !
Plantés à leurs côtés
Tu leurs offres la même beauté.


Le neuvième est guerrier,
L’arc et la vaillance :
Sagittaire, l’écuyer
Et par  ton immense puissance
Ce forment :

Le doigt remonte sur le cadran invisible devant lui signalant la place des signes
Capricorne et verseau


Enfin, le dernier signe pointé  devant lui dans l’espace :
Tu conclus 
Poisson.
Tels sont les signes sublimes suprêmes
Chacun selon son armée
Douze …

Il se lève, s’éloigne, comme pour contempler le ciel infini


PSAUMES 23 : SYSTEME SOLAIRE

Qui peut scruter l’abîme des secrets ?
Dans la huitième sphère:
Douze signes – Placés –
Au delà,
neuvième –
Il sort du cercle pour décrire cette dernière vision du système solaire

Elle tient toutes les sphères et tout ce qu’elles contiennent
prisonnières
Elle les ferme en elle-même

Comme dans un immense mouvement de balancier, les bras ouverts, il définit dans l’espace,

Elle conduit toutes les planètes,
D’orient à l’occident
Par la puissance de son système
Solaire
Elle se prosterne devant son maître
Neuvième sphère :
Reine royale
Et toute la création, tout l’univers
Qu’elle tient dans son sein
Et un grain de blé dans l’océan.

(Un temps et avec simplicité il reprend) :
Mais ce système et cette puissance
est
 « néant »
face à toi.
N’est
« rien »
Face à toi


Toute course est buée –
Sphère…Buée –
Buée - Comparée à  toi
Buée !

En silence, comme abandonné, comme épuisé par ce voyage à travers les planètes et le système solaire, il vient s’asseoir sur le siège de craie. Un temps de silence, puis il reprend…d’une voix  altérée par l’émotion,
 brisée.
Tout est devenu plus grave, plus bouleversé, épuisé,  il reprend son souffle, puis doucement, il parle








TROISIEME CERCLE :CREATION DU MONDE

PSAUME 24 : L’ IDEE
TECHOUVA
 Qui peut comprendre ?

Un temps

Au-dessus de ce système
Au-dessus de cette sphère
Il y a…

Un temps

L’intelligence.

Sa respiration, sa prostration laissent  voir son émotion

Elle est le palais, elle est ta présence
La sphère
Supérieure à tous les systèmes, sublime :

A peine appuyé, à peine suggérer dans un souffle :

L’idée.
C’est là le lieu, c’est là ton endroit :
L’intelligence !

Comme une petite musique intérieure

De la vérité,  tu l’as sculptée –
De l’or de la mémoire, tu l’as ornée –
Des colonnes de la justice et de la bonté, tu en clos l’enceinte –
Par  ta force, elle existe –
Et vers Toi, elle va –

Un temps

La science.


Le rythme de ses paroles se précipite, comme s’il avait craint d’oublier ; comme s’il avait craint de perdre la précision de ses visions:













PSAUME 25 :  L’ESPRIT
TECHOUVA
Qui connaît la profondeur de ta pensée?
Dans l’éclat de ton esprit, tu fais :
La splendeur –
L’Esprit –
Serviteur de ta puissance
Le messager –
Le message :
Toi
Esprits –
Ce sont des puissances, guerriers
Du royaume dans les mains desquels
Tourne une épée qui flamboie –
Esprits
Ils rentrent en fonction –
Où ton souffle les conduit –
L’esprit te conduit
Précieux, sublimes substances celestes
Ils obéissent à tes lois
Guetteurs du lieu, ils sortent
De la source de la lumière ils jaillissent
Regroupés en tribus
Et sur leurs étendards tes signes sont gravés –
Les uns sont commandeurs les autres serviteurs.
Des légions
Qui marchent et marchent et vont et viennent
Sans s’arrêter sans s’épuiser.
Ils voient on ne les voit pas.
Les uns sont taillés de flammes
D’autres sont souffles
D’autres feux et eaux méles
Ardents, brasiers, éclairs
Et tous s’inclinent
Devant le chevalier des nuées.
Et dans le fond du monde, dans l’éternité
Ils sont par milliers milliers milliers
Ils se séparent
Gardent
Jours et nuits, cycle de veilles.
Ils récitent prières et psaumes.
En ton honneur, pour toi, le Maître.
Tous tremblants et fervents,
Devant Toi, s’inclinent
Et disent
Merci
A toi,
Maître, merci
Tu nous fais et nous ne te faisons pas
Nous sommes tous, œuvres de tes mains,
Tu es Maître nous sommes, nous,
Serviteurs
Merci
Tu es créateur, nous en sommes une preuve.

Toujours assis dans une quasi immobilité, ému et bouleversé, sa voix brisée par l’émotion, semble sortir du plus profond de lui :
Il chuchote :

PSAUME 26 : LE MAKOM
TECHOUVA

Qui parviendra au
Parvis du château ?
Qui atteindra
ce
lieu ?

au-delà de
l’intelligence
se situe
le Lieu
de l’invisible.
Le mystère et la source
De l’existence.
Jusqu’au
Seuil
S’utilise
L’intelligence
Mais
Face au
Lieu
Elle s’arrête.
Au-delà du
Lieu
Tu t’élèves
Au-delà du
Lieu
Toi
Et au-delà
Personne
Avec
Toi.

Plus rien,
Plus un mot, le silence,
Un silence accablant. Juste le silence.
Enfin, il se lève, presque surpris par le mouvement de son corps, il titube, se dirige vers le côté du jardin. Contre la colonne de craie, dos au spectateur, il s’appuie, recherchant son souffle, il pleure, se balance comme se balancent les religieux devant le temple détruit de jérusalem.
Là, enfin, reprend la parole
Visions d’un autre monde





PSAUME 27 VISIONS ET REFLETS
TECHOUVA
D’une voix désesperée brisée par le sanglot :

Qui fera ce que tu voudras ?
Qui gardera tes lois ?
Tu as gardé tout en dessous en dessous de
Toi
Un refuge
Pour les âmes
Un enclos pour les âmes, un enclos
Là,
Elles s’y glissent, s’y tissent en un seul faisceau de fervents
Là,
Ceux qui sont lassés y reprennent la force.
Là,
Reposent ceux qui sont passés trépassés,
Là,
Sont les fils du repos.
Là,
Les délices sont sans fin
Là,
Le monde à venir.
Là,
Sont les visions
Reflets miroitants
Au travers d’un miroir
Reflets reflexions
Qui s’assemblent
En présence du
Maître
Afin de le réfléchir et d’en être réfléchies
Reflets
Lumières refléchies
Qui habitent dans le palais du
Roi
Reflets lumières
Fruits sucrés suaves délices de l’intelligence
Que donnent les délices du
Roi.
C’est
Le repos l’héritage
Sans fin le bonheur la beauté.
Ruissèlent le lait et le miel
Et voilà son fruit :
L’intelligence.

Il avance vers le mur du fond, son ombre projetée, rappelle celles des hommes en prière, le shabbat, à tisha béav, à Jérusalem, devant le mur du Temple brisé.




PSAUMES 28 TROUS NOIRS
TECHOUVA
Qui pourra dévoiler tes réserves cachées ?
Tu as disposé dans l’espace du
Ciel
Des réserves des espaces secrets
Obscures et noirs
Des cachettes
A leur propos des choses prodigieuses sont racontées
Des choses prodigieuses.
Ce sont des réserves de vie
Réserves pour réparer les mondes brisés
Réservées
Pour les briseurs d’alliance.
Ce sont des réserves
De feu
De braise et de soufre
Réserves réceptacles noirs abîmes trous profonds
Trous noirs
D ‘où le feu ne s’éteint jamais
Réserves réceptacles
De cyclones
Tempêtes
Tourbillons
De gels et de froid
Réceptacles réserves
De grêle et de glace de givre et de météores
Réserves de neige
Chaleur aussi
Ruissellements
Torrents
Fumées buées nuées brouillards
Obscurités ombres et ténèbres
Noires
Tout cela préparé dans l’espace
Pour la grâce et le jugement
Pour la paix
Avec celui qui saura réparer.

Il se retourne face au mur, et se balance
Dans le silence,
Comme pour retrouver ses forces,
Puis se retourne doucement vers la sphère de vraie et recommence à parler.












PSAUMES 29 L AME
TECHOUVA
Qui peut forcer ta création ?
D’un éclat de Ta lumière
Tu extirpes
Un éblouissement pur :
Du rocher, sa puissance est décrétée
Sous les coups, sa lumière jaillit
En émane un souffle de sagesse
« âme » :
tu l’as nommée !
tu l’as taillé de flamme et de feu,
l’intelligence
cette âme, ce souffle est
un brasier
il embrase
tu l’enclos dans un corps
pour le regarder, le ployer
elle y est comme un feu, mais elle ne consume pas.
Par la force de l’âme, le corps prend sa forme
Tirant l’être du néant
D’un geste violent de la main , il semble fondre sur une chose invisible, trancher, ployer
Et tu fonds sur lui
Dans
Le feu
Il se retourne vers le mur de craie et recommence son balancement doux, en prière, puis après un temps de silence, il reprend son cycle de paroles.

PSAUMES 30 :SAVOIR
TECHOUVA
Qui atteindra le savoir et la science ?
Tu as déposé dans l’âme
La volonté de savoir
Ce désir la soutient
Ce désir
Est sa matière et son mystère :
Elle brûle de savoir, brûle
Savoir
La connaissance est sans fin.
Si elle transgresse la loi,
Elle reçoit un châtiment plus cru que la mort :
Errance et souffrance,
Si elle parvient à rester vive comme une flamme
Comme à sa première heure,
Elle se réjouit jusqu’au dernier soir
Elle brûle, brûle de savoir
Mais souillée, elle est chassée
Exilée, elle se révolte,
Alors colère, fureur rancœur
Obscurcissent cette flamme dévorante
Repoussée et perdue.
A tout ce qui est pur, elle ne se fondra pas,
Au temple elle ne pénétrera pas,
A moins qu’elle ne trouve plénitude et pureté.
Savoir.
En silence il revient s’asseoir sur le siège de craie/
Assis il se balance en prière.
Puis la parole ressurgit ;


PSAUME 31 :EXIL
TECHOUVA                                
Qui peut te remercier pour tous tes bienfaits ?

 Il regarde sa main posée sur ses genoux et prend conscience de son propre corps.

Ce corps,
Tu y enclos une flamme, afin de le faire vivre,
De le commander,
Une âme,
Tu l’as formé de terre, tu as soufflé en  lui, un souffle,
Tu lui inspires un esprit de sagesse,
Qui l’éloigne de la bête ;
Qui l’élève au sublime.
Tu l’enclos dans le monde
Tu l’exiles
Et Toi, du dehors,
Tu l’observes et le veilles,
Et toi du dehors,
Tout ce qu’il te voile,
Tu le dévoiles.

Silence

Assis sur le siège de craie, la main posée sur son genoux, il ouvre sa main et regarde,  fait fonctionner les muscles referme les doigts, semble émerveillé par le fonctionnement de son corps il regarde le public, son visage s’éclaire d’un sourire énigmatique, troublant.

PSAUME 32 :  ETRE
TECHOUVA

 Qui possède le secret de tes actes ?
De nouveau il regarde sa main

Ce corps

Doucement ses yeux se lèvent sur le public
Tu lui as donné tout ce qu’il lui faut
Pour qu’il puisse

 Etre.

De nouveau il regarde sa main







Tu lui as fait
des yeux

regard vers le public

…pour qu’il puisse voir des sources

regard sur sa main
des oreilles…

regard sur le public
…qu’il puisse entendre des merveilles


une pensée…
Regard sur le public
…pour cerner une partie des secrets

regard sur sa main
une bouche…
pour raconter ta valeur
et une langue
pour révéler ton existence

sur lui-même
comme à moi aujourd’hui,
moi
serviteur, fils de ta servante,

face au public
je parle aujourd’hui malgré l’impuissance de ma langue
d’une parcelle de ta grandeur
d’une parcelle de tes œuvres,
mais qu’elle splendeur dans leurs secrets
la vie
pour ceux qui les trouvent !

d’un geste de la main, il tente d’agripper l’invisible
bien qu’on ne touche pas la splendeur,
on en devine les reflets

presque avec révolte

et tous ceux qui n’ont pas saisis ta puissance,
comment pourraient-ils surprendre ton existence ?
- tu nous as laissé libre
de disposer ou non, l’esprit à ton service
c’est pourquoi ton serviteur, inspiré en son souffle
a cherché en son cœur tes nuances, mais est-ce suffisant ?

toujours assis il pivote sur le siège de craie, se retrouve face au mur, recommence son balancement lent, puis la violence le prend, la colère, la honte et la pitié.




PSAUMES DES SEPT JOURS DE LA CREATION

PSAUME 33 :PSAUME DU PREMIER JOUR
TECHOUVA
Mon dieu j’ai honte, honte, honte
Qu’elle confusion,  conspirer à en  mourir !
Me voilà devant Toi, pourtant je me connais.

Il pivote face au public et d’un souffle

Face à la force de ta grandeur
Ma bassesse est complète
Aussi puissante est ta force
Aussi faible, ma puissance,
Quand ta lumière est absolue,
Ma médiocrité est certaine.

Il se tourne vers la porte ouverte du Makom

Tu es un
Tu es vie, tu es vaillance
Tu es sciences et puissances
Tu es tous les temps
Tu es.

Il se retourne à nouveau vers le public  mais les yeux dans le vide face à lui

Quand à moi, je ne suis qu’un instant pressé
Un peu de terre.
Vermine et poussière,
Vase sali mélé d’ignominie,
Ombre passagère,
Souffle qui s’échappe et qui déjà s’efface,
Buée fumée,
Serpent venimeux
Cœur incirconcis,
Ame de cendre
Orgueilleux
 exalté
artisan du mal et de l’artifice
maître de l’erreur
arrogant,
impatient
sans courage,
une paille mouvementé, foulée aux pieds
sur le chemin,
un bois en vrille,

de nouveau la violence le prend, les questions jaillissent
un vrai calomniateur, même de moi-même
qu’est ce que moi, qu’est ce que ma vie ?
où est ma force, où est ma charité ?
ou sont mes actes de bonté ?
rien ! rien !
ils ne comptent pour rien ,
tous les jours de ma vie, pour rien !
après ma  mort, encore moins !
du néant je viens, au néant, je vais.

Il se calme mais son souffle est court, sa voix se brise.

Aujourd’hui
Me voici face à toi, transgressant l’interdit,
Gravement souillé,
La volonté prostituée,
Un côté railleur,
Une avidité forcenée,
Et dans l’âme la violence
Et dans le cœur la destruction

Larmes colère rage contre lui-même

Et  un corps lié perdu blessé brisé
Et un corps ruiné qui a été rajouté dans ce monde
Et qui n’y rajoute rien

 De nouveau, il pivote vers  le mur du fond, son ombre sur le mur de craie, le balancement silencieux et oppressant de son ombre.
Après un silence
Il reprend

PSAUME 34 : PSAUME DU DEUXIEME JOUR
TECHOUVA
Mon Dieu je sais
Tous mes vices
Ils sont innombrables
Et mes fautes
Innombrables…
Je ne m’en souviens même pas.
Pourtant.

Comme un enfant brisé,
Perclus de désespoir :

Le fracas des lames
Et le brisement des mers
Par ma prière
Je les apaiserai ?
Peut-être
Tu m’écouteras
Peut-être
Tu me pardonneras.

L’ aveu se fait dans un souffle.

J’ai transgressé tes commandements.
J’ai brisé tes lois
Je les ai bannis de mon cœur et de mes lèvres.

J’ai outragé
J’ai perverti
J’ai été orageux
Orgueilleux insolent
J’ai souillé
J’ai menti
J’ai conseillé le mal obstinément
J’ai ricané
J’ai été révolté dépravé
J’ai crié pleuré blasphémé
J’ai transgressé
J’ai asservi
J’ai ruiné
Abîmé
J’ai méprisé tes réprimandes
Je les ai détestées
J’ai eu une conduite dévoyée cynique égarée
Je me suis éloignée de toutes tes lois
J’ai vidé tes commandements, je les ai refusés.
Mais,
Toi,
Tu es juste dans tout ce qui advient
Car tu juges
Mesure pour mesure
Et moi je me sais
Coupable.

Il se retourne vers le mur du fond, et recommence le balancement lent et silencieux de la prière.

PSAUME 35 : PSAUME DU TROISIEME JOUR
TECHOUVA
Mon Dieu !
Je suis brisé
Et je me souviens
De toutes les insultes que j’ai proféré contre toi !

Il se retourne vers l’espace du Makom

J’ai été ingrat
Alors que tu m’as comblé de bienfaits :
Tu m’as crée sans nécessité, spontanément,
Sans contrainte, mais par amour.
Avant même mon existence, tu m’avais devancé
Tu as soufflé un souffle en moi,
Tu m’as donné la vie
Dès mon arrivée à la lumière du jour,
Tu ne m’as pas laissé,
Tu m’as élevé ;
Nourricier pour son nourrisson
Tu m’as nourri et soigné
Dans le corps de ma mère, tu m’as reposé
De tes délioes, tu m’as repu
Lorsque j’ai commencé à faire mes premiers pas
Tu m’as soutenu,
En me prenant dans tes bras,
Tu m’as appris à marcher
La sagesse et la science
Tu me les as montrées
Du danger du désespoir,
Tu m’as préservé
Au moment de ta colère
Tu m’as caché à l’ombre de tes bras
Tu m’as sauvé
De tant de misères que je ne voyais même pas
Quand le mal fondait sur moi
Tu as crée le remède et soigné la déchirure ;
Je n’ai pas souffert
Au moment où je me suis abîmé,
C’est toi qui m’as protégé
Quand j’ai été pris déchiré par les lions,
Tu as brisé leurs crocs et pansé la blessure
De la maladie,
Tu m’as guéri,
Du combat, tu m’as préservé, de l’extermination tu m’as sauvé
Sans nourriture tu m’as nourri
Et dans l’abondance, tu m’as comblé
Et pourtant
Je t’ai insulté nié humilié –
Je t’ai blessé – tu as eu du chagrin,
Tu m’as conseillé et je ne t’ai pas écouté
Quand j’ai crié dans mes angoisses
Mon cri a été vers toi
Tu ne m’as pas oublié
Tu ne m’as pas renvoyé les mains vides
Et, chose merveilleuse, plus que tout cela !
Tu m’as accordé une confiance absolue
Alors que moi-même, je n’avais pas confiance en moi.
Alors j’ai du admettre que tu étais
La Vérité.
Que ton amour allait à la vie
Mon orage emmenait à la mort
Tu ne m’as pas infligé, alors que je l’ai été, révolté,
Les douleurs de ceux qui se révoltent,
Qui s’insurgent,
Qui blasphèment,
Qui se moquent de toi,
Ou la simplicité sombre de tes adversaires
Qui traitent de menteurs et de fous, tes inspirés
Chez ceux qui ont des certitudes
Règne à l’intérieur, l’angoisse
Ils montrent un visage pur, l’innocence,
A l’intérieur, règne le tumulte ;
Comme un vase empli de pestilence
Ses parois sont rincées à l’eau tiède,
Son contenu est alourdi de déchets.




PSAUME 36 : PSAUME DU QUATRIEME JOUR

Je ne mérite aucun de tous ces bienfaits
Rien
De tout ce que tu m’as accordé.
Car tu m’as offert une âme,
Et voilà
Je l’ai brisée.
Et mes fautes m’ont tourmentées
Contre moi-même je me suis battu
Sans cesse sans repos
Le roitelet méchant, mon instinct,
S’est dressé
J’ai voulu l’asservir et il s’est vengé
J’ai voulu l’innocence
Il en fit : «  l’indécence »
J’ai tenté la bonté
Mais il l’a transformée
Cruauté
Il m’a vaincu, mon penchant vers le mal, mon orage
Il m’a enlevé mes forces, quel adversaire!
Il ne me reste rien .
Il est entré dans mon camp sous mes tentes
J’ai cherché refuge dans un second camp
Il l’a dévasté
Il ne me reste plus rien
Si ce n’est un camp sous ton aile.
Je sais qu’avec toi je pourrais attaquer avec force
Mon ennemi, moi-même, me vaincre.
Tu es une forteresse, un rocher, le bouclier
Contre mon attrait pour le vide.
Est-il possible de vaincre, de chasser ce vide
Néant, abîme béant ouvert en moi,
Qui me divise et me massacre ?

Il ne retient plus ses larmes
Son désarroi est absolu.

PSAUME 37 PSAUME DU CINQUIEME JOUR
TECHOUVA
Que ta volonté soit
De vaincre
La violence de mes désirs
De dompter mon être de le courber et de le forcer à te servir
Accepte
D’oublier mes errances et mes noirceurs ;
Ne me prend pas au milieu de mes jours !
Laisse moi le temps de réparer mes fautes avant la route
Vers les monde invisible,
Que je sois prêt le jour du départ.
Si je dois quitter ce monde tel que je suis arrivé
Et retourné au néant tel que j’en suis parti
Pourquoi  m’as tu crée ?




Est ce pour la douleur que tu m’as convoqué ?
Il aurait fallu me laisser au néant
Au lieu de m’en extirper
Et d’augmenter par mes crimes le nombre des victimes,
Comme des balafres qui déchirent l’existence.
Je t’en prie juge avec amour
Au delà de la justice,
De peur que je ne sois effacé.

Désespéré :
Mais qu’est ce qu’un homme pour le juger ?
Un souffle qui s’échappe, quel poids dans la balance !
Un souffle ! son poids n’est ni pesant ni  léger ?
A quoi te sert de peser du souffle, ffuit, du vent !

Il reprend avec humour, mais l’humour brisé, l’humour sombre sans espoir :
Le jour de son arrivée sur terre, il s’essouffle ce souffle tourmenté,
Par toi frappé, oppressé.
Qu’est ce qu’un homme que tu le juges ?

Un temps
A sa naissance ? – une paille jetée,
A sa fin, ? – une paille emportée.
Sa vie ? – une paille verte puis flétrie.
Dès l’instant où il est extirpé du ventre de sa mère,
Peur la nuit, peur le jour.
Quelques instants de lumière, appelé le bonheur.
Aujourd’hui,  il gagne,
Et demain il descend sous terre et finit rongé par les vers.
Le souffle d’un mot le fait reculer, une épine le pique,

Toujours avec humour grinçant, douloureux et terrible
Repu il est méchant,
Il a faim ? pour une bouchée de pain il est méchant.
Pour suivre la richesse,  il est rapide.
Il oublie la mort, elle est près de lui.
A l’instant où il est en danger
Il multiplie ses paroles
Ses preuves d’innocence
Radoucit ses violences
Il fait des promesses.
Quand il est sauvé
Il profane ses paroles,
Il oublie.
La mort est a sa porte
Il renforce les verrous
Il multiplie les gardes de tous les côtés
« le guetteur » le guette !
« le loup »  -
une barrière ne l’empêche pas
de pénétrer dans le troupeau.

Un temps, il reprend son balancement
Il vient au monde – il ne sait pas pourquoi.
Il est content – il ne sait pas de quoi.
Il vit – il ne sait pas combien de temps.


Dès sa naissance, l’arrogance,
Quand « le désir » commence à le tenir
Il s’excite à amasser ; réussite ! richesse !
Il grimpe sur de grands navires,
Trouve de nouveaux déserts
Risque sa peau dans la tanière des lions
Marche parmi les fauves

Maintenant le texte est dit haché, saccadé, rythmé, vibrant :
Enfin quand il croit avoir gagné
Un pillard
Attaque
Ses yeux s’ouvrent
Plus rien
Chaque instant :
Ennemis qui le guettent
Fluctuations ! pertes !
A toute heure
 Infortune
Tout instant : accident !
Tous les jours : la peur !
Une minute, la paix
Soudain : catastrophe !
La guerre
Il y va
Epée qui le frappe
Le chagrin le transperce
Maladies !
Sournoises opiniâtres
Il devient fardeau pour lui-même
Alors goût du miel ? – goût des larmes !
Sa plaie augmente, sa gloire faiblit
Les enfants le raillent ricanent, des forbans le gouvernent !
Il est une charge insupportable pour ses propres petits !
Même ses amis l’oublient !

Un temps
Le silence
Puis

Enfin
Il arrive à sa  fin
Il quitte ses domaines pour le creux de la terre
L’ombre de sa maison pour l’ombre la plus profonde
Il quitte la chemise brodée, qu’il aimait tant
Et se vêt de pourriture ;
Sous la terre il disparaît.
Il retourne d’où il est venu.
Voilà ce qu’il advient
 de l’homme.
Alors
Quand  trouve-t-il  le temps
De se laver de ses cris et de ses révoltes?
La vie est courte, le royaume est grand.
L’oppression terrible
Le temps ricane.




Et le maître du lieu, nous presse.

Toi
Souviens Toi de moi
De tout ce qui m’accable
Moi si je me suis trompé
Toi
Ne me condamne pas
Mesure pour mesure
Sans arrêt l’on commet des erreurs
Ne condamne pas
On partirait brisé
Vers la fin.

Il se retourne de nouveau vers le mur de craie, et reprend son silence et ce balancement qui le caractérise.
Puis violemment se retourne pour une dernière négociation

PSAUME 38 : PSAUME DU SIXIEME JOUR
TECHOUVA
Mon Dieu ! Ma  faute est lourde a porter !
Si tu ne fais rien pour moi
Fais quelque chose au moins pour Toi,
En ton Nom !
J’’espère en Toi ;
Qui aurait pitié d’un homme, sinon Toi ?
Je voudrais en finir ?
Je me tournerai vers toi
Tu voudrais me punir ?
Je fuirais vers toi.
Je me cacherais de toi sous toi.
Aux franges des châles de prières, je m’accrocherais
Jusqu’à ce que tu aies pitié
Et pas avant que tu ne m’aies béni, je ne te lâcherais.
Souviens-toi
Tu m’as crée
Tu m’as éprouvé tu m’as accablé !
Je me suis trompé ? j’ai détruis
Ne me fais pas ce que j’ai fais, ne me détruis pas
Calme ta colère,
Que le jour de ma mort ne vienne pas tout de suite
Avant que je n’ai réparé ce que j’ai brisé
Comment retourner à ma source ?
N’insistes pas pour me renvoyer en terre, transformé en poussière
Alors que le fardeau de mes fautes fait ployer mes épaules.
Quand tu pèseras mes erreurs,
Mets sur l’autre plateau mes errances,
En te rappelant ma méchanceté,
Souviens – toi de mes inquiétudes et de mes douleurs,
Et mets-les face à face.











Souviens- toi
C’est Toi qui m’a exilé sur une terre étrangère,
Dans la fournaise de la captivité,
Tu m’as foudroyé
Tu m’as battu aux fers
En permanence,
Tu m’as éprouvé,
N’épanche pas ta fureur contre moi.
Ne me paie pas selon mes actes
Dis à « l’extermination »
Assez !

A quoi serviront mes mérites
Quand tu verras mes fautes
Même si tu m’encercles d’une garde,
Pour me prendre au piège comme un taureau sauvage
Qu’auras tu pris dans tes filets ?
Le plus grand nombre de mes jours est déjà passé :
Mon cycle est achevé ;
Les heures qui me restent … s’effacent.
Me voici
Aujourd’hui,
Face à toi.
Demain, je ne serai plus.
Maintenant, pourquoi mourir ?
Me consumer par cette grande flamme ?
Je t’en prie,
Pitié,
Pour les derniers jours qui  me restent
Le temps ?
-          un débris à sauver. Il s’efface.
-          Quelques jours, aie pitié ;
-          Ceux qui sont passés sont rescapés de sous la grêle,
-          Ceux qui vont venir qu’ils ne soient pas dévorés
-          Par les sauterelles :
-          Mes crimes
-          Je ne suis qu’un peu de terre dans tes mains,
-          Quelle nourriture pour toi ?
-          La terre va m’engloutir
-          Quand l’œuvre de tes mains sera
-          Perdue, rendue
                                                                    Poussière !


On ne ressent plus que de la pitié, son cœur est brisé, sa voix ne retentit plus, plus aucun orgueil, plus rien

Le cœur est nu totalement nu, l’âme déchirée, même son souffle l’épuise, il ne lui reste plus rien.




PSAUME 39 PSAUME DU SHABBAT
TECHOUVA
Tourne –toi vers moi
Ramène moi à Toi,
Prête ton oreille
Dispose de mon cœur
Ouvre moi à tes lois
Enracine en moi la crainte de ton existence
Ne me laisse pas aller jusqu’à la honte d’exister
Eloigne moi du mal
Délivre-moi
Jusqu’à ce que disparaisse la déchéance,
Cache-moi sous ton ombre,
Sois entre mes lèvres quand ma bouche nomme ma pensée
Surveille ma langue, que je ne me souille plus par elle
Souviens-toi de moi.
Rend-moi digne, dès l’aube de ton temple détruit,
Que j’aime ses pierres et ses prières,
Qui tremblent sous la lumière,
Et rebâtissent ses ruines.

Alors avec le peu de force qui passent encore à travers lui, il finit à peine audible

PSAUME 40 PSAUME DU SHEMA ASHEM
TECHOUVA
Mon Dieu, ceux qui t’appellent
Je le sais
Ont en leur faveur les mérites qui les protègent
Moi, je n’ai ni grâce, ni bonté, ni justice
Ni pitié, ni religion, ni repentir.
 Rien, vide.
Je suis vide comme une vigne sans sève.
Pourtant ne te détourne pas de moi,
Ne me rejette pas de toi
A l’instant où tu me retrancheras de ce monde,
Conduis-moi
Rends-moi possible sous la lumière,
Epargne moi la confusion et la folie
Rend-moi la vie
Et des profondeurs de la terre fais moi remonter
Et d’un baiser sur mes lèvres enlève moi à l’impureté
Afin que je dise :
Merci
Je te rend grâce, Eternel,
Merci
Parce que tu as été en colère contre moi, et tu as calmé ta fureur
Et tu m’as consolé.
Toi, merci,
Pour tous les bienfaits dont tu m’as comblé
Et dont tu me combleras, jusqu’à l’instant de  ma mort.
Fortifie-moi, affermi-moi dans la crainte et dans la loi.

Comme pour le  «  Shéma Israél » il pose sa main droite devant ses yeux, et dans un doux balancement, il commence la prière, «  clôture des portes du ciel »

Je veux célébrer, aimer,
Glorifier, exalter, bénir, sanctifier,
Proclamer l’unité
La grandeur la puissance la vaillance de ton Nom redoutable.
Par les actes des hommes soit exalté
Par les prières des bénis sois béni
Par les prières des saints soit sanctifié
Et au milieu des veilleurs sois   veillé
Car il n’y a que toi et rien n’est comme toi
Il n’y a pas de monde autre que ton monde.
Par ceux que tu as crée
Les sphères les feux les météores
Soit aimé
Nommé au plus haut de l’espace
Et que soit reconnue ton unité
Par les paroles
De ceux qui sont liés dans la crainte et la lumière
Jusqu’au plus profond de la terre
Il n’y en a pas d’autre.

Il essuie les larmes de ses yeux, offrandes, holocaustes, déposées dans les paumes de ses mains, il soupire et achève, brisé épuisé :
Que te soient agréable le parfum de ma pensée et l’inspiration de mon cœur

La parole s’effrite, ses yeux se ferment, sa voix désespérée
Eternel
Protecteur

Un temps
Il ne peut plus parler
Alors
Dans un souffle, plus que dans un cri, s’échappe le dernier mot :

A l’aide

Les yeux fermés il se balance sur le siège.
Parvenant à réunir ses dernières forces, il se lève.
Lentement il s’éloigne, titube,
Et…
S’en va doucement, humblement, les yeux au sol.
Il passe une dernière fois sa main sur son front,
Essuie ses larmes…
Et disparaît
Avec beaucoup de douceur, la lumière s’éteint dans le silence
Le noir se fait.
Le cercle de craie a disparu.














Interprétée par Jean Michel Dupuis Dans un décor de craie de Georges Rousse -Prix de Rome
Assisté de sa fille
mise en scène Saskia Cohen Tanugi au Théâtre de l'Ile Saint Louis 1997

L’adaptation a été faite après un premier travail de traduction mot à mot Remerciements aux traducteurs antérieurs et aux commentateurs  


ce texte a été déposé à la Sacd en
des notes de travail  et d’étude le  suivent -


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